Parts d'ombre (vendredi, 05 juin 2015)

Violence à tous degrés, dissection des dessous de nos actes vers l’animalité, pulsions de mort, déchirements douloureux du tissu de notre société qui se rêve vertueuse, ils tombent… Cette proposition théâtrale procède par pauses et éruptions, variations de tempo et de ton…. Le rendu à vif laisse supposer la liberté qui a du prévaloir lors de l’élaboration, le temps laissé à chaque contribution, et le pari gagné du collectif. Désordre dans le style: les corps s’affrontent et s’épuisent, les monologues montent en crescendo du comique jusqu’à l’explosion, le piano se fait mélancolique. S’exhibent au grand jour les maladies qui rongent les relations, avant que d’amples compositions visuelles et muettes ménagent des temps de suspension. Ton et thème à l’unisson, l’impression de profusion et d’incontrôlé trouble, mais le tableau d’ensemble se dessine par touches amères, contrastées, en une cruelle cohérence. Peu d’inutile, toujours la violence exprimé par les coups, les éclats et les pleurs, aussi par le silence, par cette glaçante énumération des massacres qui marquent notre histoire de taches sanglantes. Elle nous laisse sans voix, consolé par les Piéta. En vérité, les acteurs s’offrent ici, corps nus et intentions dévoilées, à la violence de nos regards prédateurs, notre amour et besoin d’émotion est dévorant.

 

Devoration-Theatre du Baleti ©Yann Slama (2).jpg

Dévoration, par le collectif Théatre du Balèti, mis en scène par Maxime Franzetti, vu au 104 le 4 juin dans le cadre du festival Impatience.

Guy

photo de Yann Slama avec l'aimable autorisation du 104.

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