HS (Épilogue aux entretiens avec Katalin Patkaï) (lundi, 21 mars 2016)

Quand Katalin Patkaï crée HS en février dernier au Générateur, il me faut un peu de temps pour prendre conscience qu'il s'agit en un sens de la conclusion de nos entretiens initiés pas loin de deux ans auparavant. Je me demandais pourquoi cela avait pris tant de temps, même après sur des heures d'enregistrements plus d'heures encore de transcription, de collage et de rédaction pour tenter d'être plus fidèle que le texte. Puis le projet qui reste en pause, passé en arrière-plan des vies et envies de l'une et de l'autre. Enfin à l'approche de la création d'HS, K. qui revient, relit et corrige sans rien censurer, juste les formes et rien du fond. Car il y avait là pour elle bien plus qu'un moyen de promotion: une nécessité de sincérité qui tenait à la pièce ... Plutôt j'ai pris conscience que les entretiens en constituaient la préparation. Non seulement parce que cette pièce en gestation, K. m'en parlait tout au long des entretiens, même quand nous n'avons pas Ernesto dans les pattes. Non seulement en raison de la logique qui venait peu à peu au jour dans ce cheminement artistique, partant des pièces au sujet du genre, des femmes, des mères (M.I.L.F.), de l'innocence (Jeudi), jusqu'à l'aboutissement d'aujourd'hui. Je comprends maintenant que parler sans retenir faisait partie du travail de création d' HS. Il fallait ce temps là. Ce que K. livre sur scène avec cette pièce est la chose la plus intime qui soit: le fruit de sa chair, et l'amour le plus absolu qui puisse exister. L'enfant. La mise en scène, les textes, la drôlerie, ne peuvent faire diversion, masquer ce fait. Le travail de mise en scène est ici nécessaire, il n'est pas essentiel. Ce travail dessine juste un cadre autour de ce qui est important, au vrai travail, celui de l'accouchement. L'enfant chahute, s'échappe des jupes de sa mère, prend son vélo, roule son chemin autour de nous et fait exploser le cadre de la scène. Il grandit déjà et bientôt cet instant ne sera plus. Ni la pièce. Tout fuit, incertain. C'est cela le plus important et après cela il n'y a plus de secret qui tienne en paroles, ou sur scène K. où ose, dit son age- plus fort que de se mettre à poil- parle de son père. Des proches la lisent et la comprennent mieux. De mon coté, il me faut un peu de temps. Attendre quelques semaines plus tard, de revoir K., et comprendre. Sans doute comprend-elle de son coté qu' HS, dans sa radicalité, comme un don impudique qui porte en lui sa fin, sera peu compris. Mais il suffira qu'il soit assez aimé.

HS créé par Katalin Patkaï le au Générateur de Gentilly dans le cadre de Faits d'hiver, sera joué à nouveau au Regard du Cygne le mardi 22 mars à 14h30 dans le cadre du festival Signes de Printemps

Guy

20:17 Écrit par guy | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kataline patkaï |  Facebook | |  Imprimer | |