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Rechercher : Point Eph%C3%A9m%C3%A8re

  • Prêtresse et pointes

    La salle est moderne et improbable: un temple protestant. M’y amène la curiosité face à un paradoxe apparent. Le manifeste de la chorégraphe est de faire la synthèse de la technique de danse classique et de rites chamaniques. Mais les deux mondes me sont tout autant inconnus. Pourquoi pas? Et pas déçu. J’oublie pour un temps le buto. Dépasser l’exotisme, les images du Tombeau hindou. Les gestes sont techniques mais à prendre au sérieux. La salle est froide mais s’y glissent des instants d’il y a longtemps, du Kazahstan. Malgré le boléro, quelque chose de nouveau. Qu’invoque-t-elle ? Louve ou guerrière, mes imaginaires se télescopent.

    Femmes sacrés de Dana Mussa au temple maison fraternelle le 25 avril

    Guy

     

  • Le point G.

    Qui est-on maintenant, ici, agit par tout ce qui d'ose, retourné? La linéarité est en pièces, bousculée d'initiatives à 360 degrés au dessus de zéro. Libre, on va ici, là, on décide du tempo. Pour un € d'embrasser la vierge, ou la putain, ou pas. Sans temps fixé s'impose l'espace généreux du Générateur et les artistes qui y prennent le pouvoir, entraînant les spectateurs, dans un désordre désorganisé. Plus de bon gout, de règles, ni de limites ou de tabous, les fous ont pris le non-contrôle de l'asile, les gardiens en permission. Ils sont nus, peints, déguisés, loufoques ou tristes, naïfs ou sardoniques, débridés ou minutieux, intimes ou politiques, secrets ou impudiques, ou les deux à fois. Çà fuse, s'agite et se confronte, avec bienveillance ou tensions pour tout essayer. S'ils ne peuvent pas ici, pour ensuite garder ou jeter, où pourraient-ils? Les performances s'entrechoquent, se commentent, se dédaignent ou copulent. Le spectateur décide avec ses pieds, part, revient, ne s'étonne de rien. Tout ça vit dans l'instant avec mille possibilités. Comprend qui peut, et celle là danse indéfiniment son corps de farine et de pain, et touche au sublime.
     

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    Show Your Frasq 2 vécu le 23 juin au Générateur de Gentilly avec les performances de Bernard Bousquet & Anna Ten • Sabine Caminade • Sonia Codhant • François-Régis Daumal • Éléonore Didier • Coline Joufflineau • Deed Julius • Mélanie Martinez Llense • Miss LNI Marin Marie • David Noir • Marc Planceon • Jérôme Poret • Adrien Solis • Élizabeth Saint-Jalmes & Cyril Leclerc Chloé Silbano • Alberto Sorbelli + Guests
     
    Guy
  • La grande parade de Rodrigo Garcia et Mickey au Théatre du Rond Point

    Le public rit franchement, la première fois qu'un comédien apparaît nu sur scène.

    Le public rit très rarement, lors des trois longs monologues anti-consuméristes en espagnol du début. 

    Le public rit quand même, quand on voit pour la première fois le mot "baiser" en sur-titres sur le grand écran.

    Le public rit, quand les comédiens s'enduisent de miel.

    Le public ne rit pas, quand rentre la figurante, encore chevelue.

    Le public rit un peu, quand un des comédiens tond les cheveux de la figurante, il rit mais sans doute en réaction à des textes en sur-titres, relatifs aux dirigeants politiques et aux grèves.

    Le public ne rit pas du tout, quand un comédien plonge des souris dans un aquarium (Il vaut mieux être escargot avec Jesus Sevari que souris avec Rodrigo Garcia), et les repêche avant la noyade.

    Le public rit un peu, quand cette scène est interrompue, pour cause de panne vidéo.

    Le public rit aux éclats, quand un comédien et une comédienne minent nus un coit crane contre sexe.

    Le public rit beaucoup, quand apparait ensuite une famille entière de figurants pour monter en voiture.

    Le public rit tout autant, quand les comédiens plongent dans la boue.

    Le public rit, mais moins fort, quand on accroche par des fils des grenouilles à un comédien.

    Le public baille, lors du long monologue final, et la projection de films de parachute.

    Le public applaudit.

    Le public sort du théatre, sur les Champs Elysées.

    C'était la premiere parisienne d'Arrojad mis Cenizas sobre Mickey / Et balancez mes cendres sur Mickey de Rodrigo Garcia, avec Jorge Horno, Nuria Lloansi, Juan Loriente, et à la figuration le 8 novembre, Laurie-Anne Ivol, qui fait ce qu'elle veut avec ses cheveux, au Théatre du Rond Point, avec le festival d'Automne à Paris.

    Guy

    P.S du 11/11: A lire, Le Tadorne, Scenes 2.0, un air de theatre

     

  • Brèves Rencontres

    Même à la troisième occurrence, c'est encore un jeune festival avec de jeunes artistes qui cette fois envahissent les recoins du Point Éphémère (que je ne visite pas tous). Ces formes courtes se prêtent à l'intime et à la simplicité, de bref récits du "je", voix et corps confondus à cueillir sans à priori. L'amour toujours: Sara Tan et Marine Colard, nées en 1989, partagent sur la terrasse le parfum de leurs souvenirs, en pèlerinage de naïveté. Fortes et fraîches, ces évocations fleur bleue: main dans la main, chastes baisers, pop songs pré-pubères. Se prépare un piquant contraste entre ces explorations de l'éternelle adolescence et ce qui suit l'étage plus bas: des confidences gaies, crues et précise dans la promiscuité de la douche. Emmanuelle Coutellier y adapte "Insurrection ! En territoire sexuel" de Wendy Delorme. Au delà du manifeste sexuel, au milieu des poses alanguies: une ode à la vie. C'est tout autant touchant, finalement.
     

    @simonlemarchand-emmanuellecoutellier.jpg

     
    c'était au festival Chimique(s) #3 à point Éphémère le 1' juin 2018
     
    Guy
     
    Photo de Simon Lemachand avec l'aimable autorisation de chimique(s)
  • Accent Circonflexe: le jeu- mode d'emploi.

    medium_ACCENT.gifMais pourquoi l'accent circonflexe? Pas expliqué vraiment, et cela pourrait être n'importe quelle autre contrainte sans doute, juste un point de départ, presque un point d'interrogation. Un point commun imposé à tous les textes écrits ad hoc pour ce projet théâtral. L'accent est soit sujet du texte, soit le matériau excentrique de sa composition. Cet accent a bien sûr un petit parfum Oulipien. Et comme toute contrainte, cette contrainte-ci se retrouve à tout propos détournée. Mais peu importe: l'effet est atteint à plein, tout au milieu. L'effet de nous faire toucher chaque fois au coeur l'intensité du jeu et du texte. En renversant dans l'immédiateté et l'ambiguïté des morceaux de quotidien. Ni crescendo, ni construction: le hasard seul ordonne les séquences jouées. Dés la projection du comédien sur scène, rien ne survit de l'instant précédent, maintenant cinq ou dix minutes saisies par l'acteur pour faire exister un état ou une situation, et un rapport très proche entre nous. Par tous moyens. Travail d'épure, travail d'athlète. Compteurs mis à zéro à chaque nouvelle arrivée. L'éphémère théâtral est porté à son point d'ébullition, dans un bain de féconde inquiétude, des vapeurs de jubilation et éclats d'hilarité. Beau projet.

    C'était "Accent Circonflexe ou « La tragédie ne fait plus effet depuis qu’elle court les rues »" mise en scène par Françoua Garrigues-companie Infraktus, de Benjamin Bodi, Max Denes, Thibault de Vivies, Nicolas Dyon, Nicole Genovese, Michael Ghent, Ariane Gibrat, Clémence Grand D’Esnon, Pascal Joly, Maryline Klein, Véronique Lechat, Claire Legoff, Ronan Le Nalbaut, Priscilla Berges, Adélaïde Pralon, Yatto Titah.

    avec Alexandra Bardol, Agnès Belkadi, Virginie Bihorel, Adélaïde Bon, Paul Bouffartigue, Adrien Cauchetier, Hélène Chrysochoos, Clara Dumond, Aurore Monicard, Sandra Reno, ou alors plus ou moins
    Au Bouffon Théatre, jusqu'à mi-avril.
    Guy
  • Festin froid

    L'espace se déplie sobre, respire comme celui d'un jardin zen, insensiblement: quelques objets, juste elle. Autant de possibilités silencieuses pour un récit en pointillés. Ce plan elle y obéit, avec quelle logique? Ne pas mettre les équilibres en péril, ne pas déranger cette cérémonie composite. Au corps de la performeuse de se plier en poses pour prolonger la stricte géométrie des choses, de supporter sur la pointe des pieds le poids de l'enclume. Les gestes en ordre. Elle est si proche, mais seules les rumeurs du dehors troublent l'ailleurs de cette étrange temporalité. Le kimono est sage, il se gèlerait ici tant de distance, s'il n'y avait parfois l'ombre de ce sourire sur son visage. Sans une plainte, sa bouche porte la lame du couteau, alors qu'elle se renverse: frisson et danger. Soudain, et sans ciller, l’oignon est offert en sacrifice. C'est un festin froid, d'une ironique frugalité. Nature morte: seules les lumières soulignent l'émotion. Durant ce parcours somnambulique, mon attention pourtant ne faiblit pas, même si ma raison reste coite. Le partage s'affirme enfin avec un verre de vin.

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    Not I de Camille Mutel, vu le 28 janvier 2019 au Point Éphémère dans le cadre du festival Faits d'hiver .

    Guy

    Photographie de Charlène Yves avec l'aimable autorisation de faits d'hivers

    A propos de Camille Mutel

    A propos de faits d'hiver

    propos de Point éphémère

     

     

  • Danses en forme- partie 3

    A quoi sert la danse? A permettre d’entrevoir des forces invisibles, de nouvelles lignes au long desquelles l’énergie circule?  Sur scène, ces lignes dans l’air sont matérialisées: deviennent-elles des liens qui entravent, ou des liens qui relient? La chorégraphe Sandra Abouav se tient campée sur ses pieds au centre, dans l’œil du cyclone, fétu de paille pile au milieu du grand tourbillon- peut-être en est elle elle-même la source…   Le corps se tend, se plie, revient à son l’état initial. Se reconstitue en mémoire de forme, le temps aussi est un cercle.

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    Dans un maelstrom de sons et musiques empilés, je ressens une brusque ivresse, ou une fatalité, je la crois au perdue monde et elle m’emporte dans ce vide. Puis  elle me semble à l’inverse en pleine communion avec des forces la traversent, des forces qui préexistent. Elle retrouve mobilité et liberté, se développe en une profusion de sensations. Ailleurs on découvre entre énergie et matière de nouvelles particules, ici avec la pensée, le mouvement fait le monde. Hélices, pièce en devenir, prolonge en idées, maitrise, intensité, Slide, et me fait renverser mon point de vue, ressentir maintenant convergence plutôt que résistance.

    C'était Hélices de Sandra Abouav vu à Point Ephémère dans le cadre du festival Petites (d)formes cousues.

    Guy

    A suivre....

    photo par steve Appel avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Transit: retour aux sources

    Vendredi soir dernier l'Espace Culturel Bertin Poiréefaisait cave pleine (pour ceux qui l'ignoreraient, Bertin Poirée est une enclave nippone au coeur du Paris bobo). Et peut-être même que parmi les spectateurs il n'y avait pas que des danseurs de buto. C'était au moins avéré s'agissant de cette jeune femme à la candeur bienvenue, qui demandait à l'entracte à un chorégraphe au français hésitant quelle histoire racontait au juste la danseuse prostrée au début de son solo, ou si elle cherchait quelque chose qu'elle aurait perdu par terre avant.

    medium_Cinzia_et_Cecile_-_Buto_18_1.jpgMais pour un public "initié", ce solo, celui de Cinzia Menga évoquait ce que l'on peut habituellement voir de sincère et de bon niveau dans cette même salle. Une performance à tout point de vue dépouillée, mis à part les "Grains de Sable"répandus sur le tapis de scène. Dans tout celà le plus original était le corps en lui-même- car c'est de corps dont il s'agissait avant tout, un corps proche de la nudité, un corps aux formes réinventées par la lenteur toute hypnotique des mouvements. Ce corps offrait en premier lieu juste un peu plus de rondeurs que celles que les danseuses s'autorisent généralement. Cela suffisait, exascerbé par le contexte, pour qu'il en devienne charnel à l'extrème. Surtout c'était un corps occidental, et non pas japonais, et sur les mêmes gestes notre regard en était changé.

    Le buto est né bruyamment il y a bientôt 50 ans, au Japon mais fruit des amours illégitimes et passionnées de forcesmedium_1er_fragment.jpg culturelles issus de divers points du globe, et de diverses disciplines. Juste retour aux origines, il est passionnant de voir aujourd'hui en France, aux cotés de Moeno Wakamatsu, de Maki Watanabe, Gyohei Zaitsu,de Yuko Ota, pour n'évoquer que la dernière génération(la 4° ou la 5°, mais on arrêté de compter), des artistes venus d'autres horizons, tels Camille Mutel, Inbal Fichman, Regina Georger, Moh Aroussi , Noura Ferroudj, Céline Angèle, Maléna Murua, Cécile Raymond...

    Ces trois dernières danseuses, de la même compagnie Transit, assuraient la seconde partie, et créaient la surprise. Un ouragan radioactif semblait avoir dévasté, durant l'entracte, la salle de spectacle, envahie désormais de divers reliefs de la société de consommation: sacs plastiques, canettes vides- ne manquait que le polonium 210. Espace habité par trois mutantes, primitives ou post industrielles, pitoyables survivantes de cataclysmes intimes ou planétaires, enlaidies, hagardes, gémissantes, habillées de rebuts en "Fragments", maquillées de projections vidéo et de sons en direct. Elles se tordaient, rampaient, déambulaient imprévisiblement, frayaient leur voie à travers les grappes d'un public privé de sièges et de tout point de repère, pour créer les nouveaux chemins de la laideur et de la beauté.

    Nous étions un peu bousculés, au propre et au figuré, pour regagner ainsi un peu de liberté d'esprit, ce qui n'avait pas de prix.

    C'était la Compagnie Transit, Bertin Poirée.

    Guy

    P.S. : et Kazuo Ohno a eu 100 ans, le 27 octobre dernier.

    P.P.S. du 25/2: On a rajouté, avec l'aimable autorisation de Transit, 2 photos (signées Estelle Fenech) de cette soirée.

  • Danses en forme- partie 1

     

    Pour ceux qui veulent découvrir le tango contemporain: Tango Obstinato revient demain au théatre de Vanves.

     

    rediffusion du texte mis en ligne le 23 juin 2012

     

    A quoi sert, toujours, encore, la danse? La réponse de la compagnie Keatbeck prend la forme d’une contre-utopie, habillée d’un futurisme blanc très début 70’s. La danse permet de réanimer les émotions dans un monde où elles se sont taries. Guidé par un duo d’assistants, l’un muet, l’autre maniant la novolangue, le spectateur est invité à participer à l’expérience. Il choisit son programme dansé sur un pupitre de commandes: désir, peur, surprise… Pièces maitresses de cette dancing box: quatre danseurs programmables- deux filles et deux garçons- automates sujets à pannes et dérèglements, qui performent cette émotion autour du spectateur en cure… Le concept est ludique et étonnant…  à un point que j’ai du mal à me concentrer au centre sur la danse et l’émotion elle-même.

    danse,point ephémère

    A quoi sert aussi la danse ? A brouiller les repères, mélanger les formes, traditions et nouvelles sensations. Quand on me dit Tango, je pense à tort ou à raison, poussière et répétition... Ce Tango Ostinato revendiqué contemporain m’étonne, les vieilles partitions sont littéralement chassées des pupitres. Le couple de danseurs se poursuit en un jeu du chat et de la souris (mais qui est qui ?), dans un labyrinthe de relations sous-entendues. Regards en coin, frôlements et rêverie, sensualité contenue, quant-à-soi et rebondissements… Le temps s’étire au rythme de notes graves de violoncelle rondes et organiques, sur la dynamique d’une danse élastique. Dans un monde au ralenti, d'émotions intenses et contenues, tout est possible.

     

    E vento tango 2--photo-Caterina Santinello.jpg

     

    Un autre couple, quant à lui s’essouffle vite. Le Cri de la Gazelle fait la démonstration que la complète nudité est parfois lourde à porter. Faute de vision, de l’érotisme il ne reste ici que ruines: vulgarité et platitude. Sous une lumière d’aquarium, quelques poncifs: le mâle chasse la proie féminine qui se pâme et feint de résister. Extinction de voix.

    C'était Dancing Box de la compagnie Keatbeck, Tango Ostinato (extrait) de la compagnie Abrazos et le Chant de la Gazelle de la Compagnie Technichore, vus à Point Ephémère dans le cadre du festival Petites (d)formes cousues.

    à suivre...

    Guy

    photos de Régis Pennel avec l'aimable autorisation de la compagnie et de Caterina Santinello avec l'aimable autorisation de Point Ephémère.

  • Obstiné

    La première qualité de Sweat Baby Sweat, c’est d’exaspérer. Jusqu’à nous emporter, m’emporter. Pour imposer un (vrai) point de vue coûte que coûte, par cette lancinance de la répétition, se répète dans le couple ce rapport sensuel et entêté qui semble ne jamais pouvoir se résoudre. Les deux corps s’accrochent l’un à l’autre, sans satiété. Une ballade acoustique s’étire au-delà du raisonnable. Au mur les mots s’affichent, au-delà de la  banalité, pour atteindre la vérité, à force. Cela dure, la danse, et l’effort se voit, à chaque instant. L'effort en surface celui de danser, mais surtout celui de s’aimer, une lutte sans répit, longue, obstinée.

     danse,jan martens,les plateaux

    Sweat Baby Sweat,  de Jan Martens vu à la Maison des Arts de Créteil le 28 septembre dans le cadre des Plateaux.

    Guy

    photo de  Klaartje Lambrechts.avec l'aimable autorisation de la compagnie

    A propos de A small guide on how to treat a lifetime companion, lire ici.