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  • De quoi sommes nous faits?

    Dessiner un squelette, pas si évident! Je m'y essaie cependant, crayon en main, ainsi que tous les spectateurs présents. Une toile est posée sur celui qui, présent sur scène, aurait pu nous servir de modèle. Carlo Locatelli, sans donner de réponse, nous guide de ses indications: sur la dimension des différentes vertèbres jusqu'à l'assise du bassin, les fonctions, les dynamiques, les appuis, les accroches, les pivots... Il nous met en garde contre les idées reçues, nous rappelle que les mains descendent jusqu'aux cuisses, plus bas que leur idéalisation.... Nous incite à penser le corps dans sa globalité, comme un système complexe dont le squelette n'est qu'un élément. Nous nous laissons aussi stimuler par ces images projetées, il y a quelques instants, de corps tels qu'envisagés à travers les siècles et les civilisations, chaque fois reconstruits par le raisonnement autant que l'observation, repensés. Nous aide le souvenir du duo anatomique proposé par deux danseurs en introduction, que nous regrettons maintenant de ne pas avoir mieux observé. Surtout nous nous s'interrogeons nous même du toucher, pour redécouvrir sous la peau, deviner, côtes, bassin, os des épaules.... Au final, mon dessin évoque plutôt un pyithécanthrope de dessin animé, un robot peu avenant.

     

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     (evidemment, pas osé mettre mon dessin, ceci est une planche trouvée sur le net)

     

    Peu importe, reste l'interrogation. Comment tout cela fonctionne-t-il? Jusqu'au mouvement, jusqu'à la danse, vers le sens et l'émotion.... Les deux danseurs reprennent une improvisation, que l'on voit maintenant bien différement. Au delà de la surface.

    C'était Le corps anatomique- la globalité de Carlo Locatelli, avec Carlo Locatelli, Laura Frigato, Michal Ohannessian et un squelette, première de plusieurs étapes de travail présentées en septembre à Micadanses.

    Guy

     

  • Tout sauf Robert

    Rediffusion dutexte du 8 janvier 2011: Robert Plankett revient au théatre de la ville jusqu'au 11 mai.


    Les accidents du deuil viennent surprendre les visages et les gestes des amis qui restent. Le disparu- Robert Plankett -ne décide pas à s’effacer tout à fait, et revient, tel un fantôme, débriefer posément son A.V.C. .  Les objets orphelins, dispersés, attendent leur vain partage entre les vivants, il y a surtout l’absence, tout cet espace vide sur le plateau, tel celui qui s’étend entre la densité inexpliquée des faits et le flou des sentiments.

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    L’improvisation est laissée grande ouverte dans le jeu des acteurs pour tenter de combler ce vide, sans peur de la liberté. C'est-à-dire avec des impasses et quelques faiblesses, aussi de vraies beautés. Surtout, cette narration volontairement éclatée est terriblement honnête avec le sujet, avec ces souvenirs en miettes et la réalité à recomposer, avec ce qui fait toute la vraie vie vite fait, loin des grands sentiments qui n’existent que dans les grands romans. Ce groupe que le deuil peine à rassembler a le besoin de parler même sans cohérence, juste pour tenter de comprendre, réinventer -c’est une belle scène- sur un corps métaphorique et émouvant une carte du tendre, se disputer, pleurer et rire un peu, résilier les abonnements pour cause de décès, finir ensemble le poulet, s’interroger sans possibilité de réponses sur Dieu et la migration des saumons. Tout les petits rien qui,littéralement, crèvent l’écran.

    C'était Robert Plankett, par le collectif La Vie Brève, m.e.s. de Jeanne Candel, au Théatre de la Cité Internationale jusqu'au 29 janvier, puis au théatre de Vanves les 4 et 5 février.

    Guy

    photo de Charlotte Corman avec l'aimable autorisation du T.C.I.

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  • L'amour n'a pas d'âge

    Ondine, de Jean Giraudoux, est cette année une vieille dame de 75 ans. Qui n'est pourtant pas censée vieillir au de de ses 15 ans, il est bien temps de lui rendre l'âge du rôle, sa candeur et ses longs cheveux blonds en prime. C'est fait, et bien fait, avec les Enfants Terribles- et vrais ados- mis en scène par Numa Sadoul. La naïade émerge de ce bain de jouvence en grande forme, en pleine innocence. L'amour, le grand amour, est dans les jeunes cœurs donc possible, et dans ce monde forcement impossible. Le ton de la tragédie est pourtant ici évité au profit de la légèreté. Ainsi le jeu exaspère les ridicules et hypocrisies de la Cour à force de masques et de burlesque. Bien joué pour rafraîchir ce que la pièce pourrait avoir de surannée dans ce contexte médiéval. Et souligner son intemporalité et son actualité: les rapports ingrats et immatures de la société avec la nature qui la nourrit et l'abreuve.
     
    Ondine de Jean Giraudoux mis en scène par Numa Sadoul, vu au Théâtre de Ménilmontant le 1 novembre.
     
    Guy

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    C''était X-event 0 de Annie Vigier/ Franck Apertet- Les Gens d'Uterpan, à Micadanse, avec le festival Faits d'Hiver

    Guy

    photos: merci à Jérome Delatour

  • Festin froid

    L'espace se déplie sobre, respire comme celui d'un jardin zen, insensiblement: quelques objets, juste elle. Autant de possibilités silencieuses pour un récit en pointillés. Ce plan elle y obéit, avec quelle logique? Ne pas mettre les équilibres en péril, ne pas déranger cette cérémonie composite. Au corps de la performeuse de se plier en poses pour prolonger la stricte géométrie des choses, de supporter sur la pointe des pieds le poids de l'enclume. Les gestes en ordre. Elle est si proche, mais seules les rumeurs du dehors troublent l'ailleurs de cette étrange temporalité. Le kimono est sage, il se gèlerait ici tant de distance, s'il n'y avait parfois l'ombre de ce sourire sur son visage. Sans une plainte, sa bouche porte la lame du couteau, alors qu'elle se renverse: frisson et danger. Soudain, et sans ciller, l’oignon est offert en sacrifice. C'est un festin froid, d'une ironique frugalité. Nature morte: seules les lumières soulignent l'émotion. Durant ce parcours somnambulique, mon attention pourtant ne faiblit pas, même si ma raison reste coite. Le partage s'affirme enfin avec un verre de vin.

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    Not I de Camille Mutel, vu le 28 janvier 2019 au Point Éphémère dans le cadre du festival Faits d'hiver .

    Guy

    Photographie de Charlène Yves avec l'aimable autorisation de faits d'hivers

    A propos de Camille Mutel

    A propos de faits d'hiver

    propos de Point éphémère

     

     

  • Le miracle permanent

    La scène jonchée d'objets d'abord sans sens, l'homme s'y affaire, danse. C'est à dire qu'il construit, gestes après gestes, suit une pensée, organisée vers une finalité. Ses mouvements sont poétiques, ses mouvements sont pratiques, en même temps. Ce processus est lent, tout semble si fragile. Tout oscille, branle, dans le mobile géant qu'il assemble. Tout entier le corps en grâce, s'engage dans cette construction , s'y plie, en est le centre de gravité, la variable d'ajustement. Ce corps surprend, émeut d'acrobaties limites, par l'équilibre improbable qu'il maintient. Réalise un miracle modeste et permanent, en poids et contrepoids. Il y parvient. Il y a là deux œuvres à voir. Celle performative dans la durée, soutenue par la musique, celle de l'action qui se fait, espère, entreprend. Et celle de l'instant donné, le moment de la fin, le résultat obtenu: une construction inattendue et en suspend. Cet instant là demeure encore un peu lorsqu'on se lève pour quitter les lieux, baigné d'un optimisme raisonnable. La vie est sans doute aussi fragile que cela, possible pourtant, et ce qu'on en fait.
     
    Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.- Guillaume d'Orange

     

     

    h o m (résidence #1) from Groupe FLUO on Vimeo.

     

    H O M de Benoit Canteteau , vu au Générateur de Gentilly le 18 février , dans le cadre du festival Faits d'hivers

    Guy

  • Ceci n'est pas un stand up

    Aude Lachaise excelle dans l'art du décalage, du contrepied (Vérification faite, on a déjà écrit cela il y a 2 ans, mais on est bien obligé de le répéter puisque de pièce en pièce elle persiste). Donc la chorégraphe use, l'air de rien, de stratégies obliques pour traiter des sujets qu'elle a choisi. Des sujets même potentiellement sérieux. Pour commencer, ceci n'est pas un stand-up. Même si le festival de danses d'auteurs qui le programme, non catégorisant, ne s'interdit rien. Les codes du stand-up constituent ici juste un point de départ. Est ainsi déjouée par l'excès et la charge une relation performer /spectateurs qui serait trop convenue: entrée en musique pour claquer des mains et taper du pied, accent improbable, bavardage et fausses confidences, banalités sur le "vivre ensemble", le féministe, le racisme, et autres consensus obligés... Tout mis à terre, déconstruit, on peut alors passer aux choses sérieuses. Mais légèrement, en toute hilarité, avec les interventions hors normes de Susana Cook et Paula Pi. Les discriminations liées au orientations sexuelles, aux identités... le sujet, pas évident, passe comme une lettre à la poste. La proposition secoue les genres, dans tous les sens du terme, entrainée par une jubilation du mouvement qui emprunte beaucoup au music hall. Le décalage culturel est à l’œuvre: Phil Spector, Tina Turner et les Temptations sont décortiqués avec autant de pertinence que Karl Marx et Simone de Beauvoir. Pour beaucoup, la montagne reste haute, et la rivière profonde. Après tant de spectacles appliqués et pesants, c'est une bouffée d'oxygène. La politique est une chose trop sérieuse pour ne pas la laisser à ceux et celles qui savent nous réjouir.

     

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    Outsiders, la rencontre / Aude Lachaise from manège, scène nationale-reims on Vimeo.

    Outsiders, la rencontre, par Aude Lachaise, vu au carreau du temple le 1er février dans le cadre du festival Faits d'hiver.

    Guy

    Photo d'Alain Julien avec l'aimable autorisation de faits d'hiver

     

     

  • Sacre d'hiver

    Où Camille Mutel se dirige-t-elle? Je ne sais, mais d'évidence elle poursuit avec Animaux de béance un virage artistique entamé avec Go Go said the bird- pièce présentée elle aussi à faits d'hiver, il y a 2 ans. Après des années de soli, passage aux trio- et cette fois-ci la chorégraphe s'affirme comme telle en s'abstrayant de la scène. Surgissement de la voix, avec un chant spectaculaire. Renoncement de cette l'obscurité sculptée où s'installait le trouble et l'onirisme pour exposer la scène de pleines lumières en aplats. Abandon de cette exploration obstinée de la nudité qui tend vers le point absolu de l'érotisme, jusqu'à l'épure, pour oser... une autre ambition. Non sans logique dans ce parcours artistique: ici un rite. Inspiré de la danse de l'argia de Sardaigne, aux vertus curatives, nous est -il expliqué dans la feuille de salle. Mais quel sens, ici, maintenant y trouver? Le parallèle est évident entre les cérémonies traditionnelles, et le fait, aujourd'hui, de représenter un spectacle. Mais cela ne me dit pas quelle est la fonction de la proposition de ce soir. De quoi peut-elle nous guérir? Puisque mon jeu est d'écrire, je ne peux me contenter de l'énumération des images fortes, mais dispersées, que la soirée a laissée dans ma mémoire. Quel est le fil rouge, à l'instar de celui qu'on voit sur scène? Je cherche. Mais sur scène il y a profusion. D'accessoires, de signes, d'actions. Elles étonnent et s'agencent en une belle synchronisation qui m'emporte mais dans le même temps m'égarent. Les personnages se transforment entre costumes et nudité, travestissement, entre le visage et le masque. Les esthétiques se télescopent du Japon à l'Italie, en passant par un déjeuner sur l'herbe. La lente solennité du propos, jusqu'à une cérémonie du saké, est désamorcée par un humour glacé avec samouraï en tricot et mouvements de pom pom girl. Le calme de la scène, régulé par des rythmes de percussions, est déchiré par les stridences du chant. Alors, j'en reviens au point de départ, trop évident: que se jouent ici en crises des transformations d'identités, et les actions du groupe pour les accompagner. Avec le paradoxe que peut-être la lisibilité de ces entreprises ferait obstacle à leur efficacité, empêcherait le social de venir au secours de l'intime.

     

    Camille Mutel, faits d'hiver, danse

    Les animaux de béance de Camille Mutel, vu le 25 février à Micadanses dans le cadre de Faits d'hiver

    Guy

    Photo de Paolo Porto avec l'aimable autorisation de faits d'hiver

     

  • Gimme Shelter

    Entreprise sévère et ambitieuse: le livret de cet opéra dense de sens puise dans le vivier des mythes universels. Un peuple en détresse erre en quête d'un dieu muet sous la conduite de son prophète. Cette traversée du désert les amène vers un havre, une possible terre promise. Le récit balance entre universalité et l'actualité flagrante avec la figure d'un religieux fanatique et misogyne, prompt à tuer à coups de revolver. Dès le temple trouvé, coule le premier sang. Mais le ciel est vide, la scène aussi. Cette omniprésence du vide, assumée dans la pièce, me pose question, avec la sensation que la chorégraphie explore obsessionnellement cet espace austère sans le remplir de vie, d'expression. Malgré les enjeux, ll me manque d'être saisi, halluciné. Mouvements désunis, me dit une amie. Il me faut attendre le personnage de la sybille pour gouter de la liberté, de la surprise et du délié, même de la transe. Dans cette concurrence des sens que produit le genre de l'opéra, avec une partition ici très acide, le chant à vif, le livret à lire dans le même temps, dans cette masse d'informations à décrypter, la danse me semble ici passer au second plan.

     

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    Initio chorégraphié par Tatiana Julien, composé par Pedro Garcia Velasquez vu au théâtre de la cité internationale dans le cadre de faits d'hiver le 30 janvier 2017

    photo de Flore Nina Hernandez avec l'aimable autorisation de faits d'hiver

     

  • Inquiète

    D’abord elle chute, propulsée dans un espace sans dessus-dessous. Dans un monde d’après fait de vide inhospitalier, ruines qui lui inspirent ces fuites de bête traquée. Dans ce No man’s land survivent des brides de souvenirs: robe à fleurs et chaises renversées. J’imagine qu’elle s’y raccroche, y puise de l’énergie pour lutter et exister encore, par mouvements d’allers retour contrariés, où elle semble ramenée à son point de départ par d’invisibles fils. Soudain elle parle, sa voix reste sur le fil. Elle se perd yeux fermées, tombe et persiste à tomber. Le propos ici est grave, les mouvements forts et sans retenue. Je suis sensible à cette criante inquiétude. Parfois je la quitte pourtant-Il y a peut-être trop ici, encore à décanter, et il me faut accepter le sens du drame. Mais elle ose et offre l’intensité. Me fait apercevoir ces fragments d’absence qui surgissent, ces failles. Elle partage la recherche de l’invisible-sur scène il y a un angle mort, un trou noir- elle parait toujours au bord de s’y effacer, où de se fondre contre le mur, puis revenir avec une si forte présence. Elle réussit à mettre en scène l’impossibilité. Il y a-t-il de l’espoir ?

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    Ruines de Tatiana Julien et Marine de Missolz dansé par Tatania Julien, vu le 7 février à l’atelier de Paris Carolyn Carlson avec Faits d’hiver.

    Guy

    photo de Nina Flore Hernandez avec l'aimable autorisation du festival faits d'hiver

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