Medecine blues (jeudi, 29 mai 2014)

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Je suis le grand zombie, roi des zoulous, chante une fois encore Dr John ce soir, la voix éraillée qui revient d’on ne sait où, un crâne posé sur son piano, avec gris-gris et amulettes vaudous. Mais la magie noire ne dit pas tout de ses résurrections. Bien sûr,  l’homme a survécu à tout, aux excès et à l’héroïne, aux prisons de Louisiane où « la peau blanche mais l’âme d’un noir » il se lie à vie avec Charles Neville et ses frères, à la rixe qui le laisse blessé d’une balle dans l’index et incapable de tenir sa guitare quelques années. Jusqu’ à la série Treme, Le bon docteur soigne sa légende, mais il y a ici plus encore que l’enracinement dans le  folklore et la culture du bayou. Ce qui survit en lui et sous ses doigts, ce qui survit à Katrina,c’est tout l’héritage de la musique de Nouvelle Orléans, portet carrefour où bouillonnent toutes les musiques noires, du jazz donné pourtant pour mort depuis longtemps au funk, en passant par le doo-woop, le blues, le boogie-woogie, les rythmes d’Afrique et des Caraïbes, les syncopes des défilés… Tout cela concentré en un concert, c'est bien court, mais une efficace potion de jouvence au gout relevé, à savourer en dansant. Réincarnation du pianiste Professor Longhair autant que de Marie Laveau ou Coco Robicheau, le docteur doit en tout cas être possédé, à pouvoir prolonger jusqu’à l’immortalité ce break de piano de Such a Night, remède miraculeux pour nos bleus à l'âme et pour nos pieds parfois las. La belle relève, c’est la merveilleuse Sarah Morrow, découverte de Ray Charles, tromboniste explosive et directrice musicale de ce nouvel orchestre, qui raconte de belles histoires à chaque solo. Beaucoup de la magie et des remèdes musicaux du vieux docteur lui sont transmis pour perdurer.

Dr John & the nite trippers en concert au Trianon le 29 mai 2014

Guy

15:50 Écrit par guy | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer | |