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Tout le temps du monde

C’est en revenant encore à LaiSSeRVenir d’Eléonore Didier que je ressens chaque fois comme un temps qui ne s’écoulerait pas linéaire mais circulaire, comme l’entêtement de l’artiste. Un temps qui ne s’écoule pas, se rassemble. Je vois des gestes allégés du superflu, à force d’avoir été répétés. Des gestes alors transparents, à presque en apercevoir à travers eux la pensée. Et toujours des échelles comme des mystères. Je suis fasciné. Ne me demandez plus pourquoi.

Ce soir, le solo se duplique, en fractale, réitéré par trois interprètes, aprés déja avoir été transmis ce printemps. Un quart d’heure à perpétuité.  De la même valeur que les deux heures vues il y a longtemps à l’origine de ce cycle, et la même virginité. D’abord ce corps qui se présente plus épanoui, sexué. Le silence prend de la beauté, la pose de la langueur, la pause de la longueur, plus d’impudeur voire de froide lascivité. Les figures retombent, ressemblent à des tentatives, une danse qui se penserait dans son hésitation, des rêveries surprises, des spéculations muettes, à jamais incomprises. Quelque chose, au fil de cet effeuillage destructuré ouvre enfin la possibilité d’un achèvement, d’une parfaite symétrie. L’échelle posée contre le mur à l’envers, et les jambes de la danseuse en symétrie, elle-même à l’envers de quelque chose, mais en parfait équilibre. Eléonore Didier ensuite se succède à elle-même, laisse à quelques spectateurs excédés le temps de retourner dehors s'offrir à un autre temps plus normé. La chorégraphe danse brusque et abrupte, sèche,  le souffle évident, tel un petit animal maigre. Donne l’impression, des exacts mêmes gestes pourtant, de vouloir prendre ses distances d’interprète avec cette performance. L’accouplement avec l’échelle se fait nerveux. La clé de ce solo est peut-être qu’il est un duo rêvé. Mais, puisqu’on prête parfois plus de sens et de pensée aux formes qu’aux mouvements, un troisième interprète, masculin, vient renverser toutes les interprétations possibles, et refait de toute autre manière le même chemin, naïf et généreux, juvénile, viril.  Il faut assurément du temps pour créer, répéter (dans tous les sens du terme) et se réinventer, je souhaite vivement voir un jour parfaite la pièce pour plusieurs interprètes esquissée par Eléonore Didier il y a 1 an ou déjà 2, les mêmes pensées dansées en simultané.

C’était  LaiSSeRVenir d’Eléonore Didier, dansé par Pauline Lemarchand, Eleonore Didier, Lorenzo de Angelis, au Colombier de Bagnolet.

!Kung solo, d’Eléonore Didier, est re joué les 7 et 8 décembre au Colombier de Bagnolet.

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