Corps en crise, marqués, traversés par l'urgence... Covid et confinements ont pesé. Libérations se font sur scène souvent avec âpreté, que la proximité avec le public exacerbe. Chacune des 14 propositions de ce soir n'a que 10 minutes pour vivre, pour s'imposer. Pure liberté: ni contrainte, ni thématisation, juste les cohérences qu'on s’efforcerait après coup de construire. Submergé par ces profusions, on s'interroge à quelques jours de distance sur ce qui s'est imprimé en plus de deux heures, parmi ce qui sur le moment a toujours interpellé.
Est-ce quand les intentions ou références, qu'elles renvoient au féminisme, à la religion, au monde du travail, à l'homosexualité... se revendiquent haut et fort, plus que quand le sens, subtil, ose se chercher devant nous, fragile? Quand les corps paraissent se mettent en danger, quand la violence de leurs expressions nous bouscule?
De tout cela on imaginerait un an zéro, de remise en question. Où l'universitaire s'égare dans sa thèse devenue obsolète, où les violences faites aux femmes sont désormais intolérables, et presqu'autant la phraséologie des entretiens de recrutement. Où les corps courent, cherchent leurs places, leurs repères. Où cette femme explore les infinies possibilités qu'offrent une pièce de tissu... Surtout je regarde ce personnage qui, avec calme, pudeur, presque timidité, avec une tranquille détermination, prend méthodiquement la mesure de toutes les parties de son corps. Comme pour à nouveau se connaitre, se trouver prête, maintenant, à tout recommencer.
Guy