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  • Post coitum animal tristus

    Le dispositif est audacieux.
    Pas tant par sa bi-frontalité, plutôt par l'enfermement des quatre performeurs dans un espace central clos et saturé d'objets, reproduction d'un lieu de vie, que nos regards n'appréhendent que malaisément, gênés par un voile et par les obstacles que constituent les accessoires. Mais des images en gros plan, nous sont imposées sur des écrans vidéos alimentés par des caméras que manipulent les acteurs eux-mêmes.
    Ces sources d'information visuelles, à la synchronicité malaisée se heurtent en un jeu intéressant: conflits entre la mise en scène appuyée par la vidéo et le voyeurisme libre et pourtant empêché que se permet le spectateur sur la scène selon sa place. Les visions fragmentés, offertes ou dérobées, s'imposent comme une métaphore évidente d'un mode croissant de sociabilité où au réel se substitue le "réel", à la rencontre physique la story des réseaux sociaux. Fini la télé-réalité, et bienvenue à une mise en scène du soi, recrée. Sur les écrans les visages et voix sont déformés par l'IA, rajeunis, vieillis, dé-genrés et re-genrés.
     
    Car il est question de genre, et des questions vertigineuses qu'ouvre le sujet, commentées en un troisième niveau de lecture par les citations politiques et sociologiques qui s'affichent sur tout le dispositif. Il est question de sexe, évidemment. D'amour mais sans vraiment se l'avouer.
     

    Capture d’écran 2025-12-14 173821.jpg

     
    C'est là que s'égare souvent, dans une confusion volontaire et une construction chaotique, la liaison entre ces deux discours en parallèle, celui froid et didactique des citations et celui, très engagé, des corps des performeurs en situations (oserait-on dire?) amoureuses. Est-ce pour rendre compte de la confusion des temps, de l'incompréhension des générations, de la déconstruction toujours en cours de normes patriarcales et hétéronormées?
     
    Mais dans ce champ de batailles politiques et intimes, je ne vois pas émerger de gaîté, de nouveaux possibles. Car la chair s'expose mais reste triste, même paniquée, contrainte souvent. La bande son enfonce ce pessimiste dans nos oreilles.
     
    Deux heures passent ainsi, et l'on respire quand l'espace s'ouvre enfin sur les performeurs... mais vers quelle libération? 
     
    visuel du le site du théâtre de genevilliers