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Geisha Fontaine et Pierre Cottreau: la mécanique en pieces

Pas de vivant mais du nouveau... C'est à dire des objets, des robots. L'obscurité a pris son temps, la musique bourdonne et ondule, l'espace se structure peu à peu de petites mécaniques en mouvements, qui chacunes dessinent leur chemin, indifférentes. Leurs formes sont élémentaires, épurées, apaisantes.

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L'intéressant c'est que ces robots ne ressemblent pas à des robots. Pas futuristes du tout et dégagés d'ambitions anthropomorphiques, ce qui permet de nous garder de tout effet "Wall-E". Pour la raison inverse, on avait pas réussi à vraiment nous intéresser malgré toutes ses qualités à Matière d'être- l'autre pièce présentée la même soirée, qui confrontait un homme et un robot plus élaboré. Ces objets ci n'ont pas de fonctions visibles. Ils ne renvoient à rien d'évident, leurs trajectoires ne font pas des histoires. On peut éventuellement leur faire endosser des caractéristiques- beaux, ludiques, plastiques -, mais de là à leur prêter des personnalités.... En tout cas ils sont là et de plus en plus. Ils ne dansent pas, ils bougent. Maintenant ils sont l'environnement, tout entier à déchiffrer, éventuelle métaphore d'un monde moderne et mécanique. Que faisons nous de cette vision? Tout de même, l'humanité est rentrée par la petite porte. Les deux danseurs cherchent quant à eux leur place dans cette forêt de symboles. Ainsi faisons nous, nous aussi. Comme lors de la visite d'un musée en mouvement. On pense irrésistiblement aux hommes préhistoriques confrontés au monolithe de « 2001 l'Odyssée de l'espace ». Avec les mécaniques autour d'eux les deux hommes cherchent équilibre et harmonie, se livrent ensemble à d'étranges cérémonies. Les objets se multiplient, ronds, carrés, grand, petits, toujours noirs et blancs, simples et jamais menaçants. Libres de nos trop pesantes émotions et vulgarités. Ils sont drôles pourtant, tel cet engin aux érections épisodiques (on se libère jamais de la tentation anthropomorphique...). L'envahissement géométrique se parfait, jusqu'à la saturation, pour un ballet final avec lâchers de ballons, d'une frénésie silencieuse et impassible. Peut-être pensent-ils, donc nous bougeons, psychologie oubliée au profit de la dynamique. La pièce aurait -elle pu être juste avec eux, sans les vrais danseurs et leur médiation? L'épreuve est réussie: nous avons symboliquement survécu à cette mécanisation, l'avons acceptée. Le spectacle reste vivant.

C'était Une Pièce Mécanique de Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, à Mains d'Oeuvres, dans le cadre d'une soirée partagée avec L'étoile du nord pour Avis de turbulences. Cette année le festival des nouveaux mythes: essentiels, rituels, mécaniques ?

Guy

Lire Rosita Boisseau dans Le Monde

photo par Pierre Cottreau, avec l'aimable autorisation de Mains d'Oeuvres

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