Le danseur prend le temps du silence, invente une ligne dans le noir, déroule une bande. Il attend là longtemps, installé dans ce cadre minimal: on est souvent ainsi dans la vie, dans ces moments où l'on s'oublie, soi-même et sa place dans le monde. Et aux autres. Dans la salle il fait noir aussi.
Cette image aurait pu être empruntée à tant d'autres chorégraphies: un homme seul, de la pénombre, deux néons. Pourtant, ici plus qu'ailleurs, quelque chose convainc, cela ressemble plus à de l'apaisement qu'à de l'ennui. Le danseur avance dans la conscience de cet espace. Il en prend possession, mais comme à l'envers, démarche cassée, balloté par des hésitations, mu par quelque chose d'extérieur, d'autre. Puis tout devient plus physique, le garçon se lance dans l'action, cri raide comme un I, court, tombe, se couche. La musique se superpose aux mêmes mouvements. C'est tout, à peu prêt. Et donc trés peu réductible au récit. (Le coup du ruban, qui peut à peu envahit l'espace de la scéne: c'est trop vu, on oublie.) Mais le tout est bien comme cela, sans le besoin d'en tirer des conclusions, et l'inventaire des impressions. Bien en soi, en 25 minutes, point.
C'était Ouvert de Samuel Mathieu avec Christophe Le Goff. Au Théatre de L'Etoile du Nord.
Avis de turbulences # 5 se poursuit du 15 au 17 octobre avec Philippe Ménard, Christian Ubl, Matthieu Hocquemiller.
photo (droits réservés) avec l'aimable autorisation de l'Etoile du Nord
Commentaires
Soit.
Article très plaisant à lire.
En 5 minutes.
Soit un total de 30 minutes de talents articulés.
Cela fait du bien.
Point.
;-)