Le rouge est mis, en trois bandes lumineuses d'annonces désynchronisés: des brèves d'humanité, pas gaies. Devant, sur podium, figée: Fany Catel-Chanet. C'est tout et cela est bien ainsi, dans un parti pris de simplicité qui ressemble à un défi. Approche au laser et qui évoque celle de Pascal Rambert , jusqu'à dans l'usage du même costume le plus neutre qui soit: jean et t-shirt blanc... mais pour une thématique tout à l'opposée. Pour dire l'adolescence, la solitude, les mensonges à soi-même.
L'attention se détourne d'abord des mots qui s'accumulent, allusifs, pour se focaliser fascinée sur l'actrice. Qui porte tout les risques. Seul(e). Elle est "David". Bouge au féminin, parle au masculin... ligne suivante: a-t-on envie de la voir nue? La réponse ne va pas de soi, tant l'actrice exprime une belle mais troublante, dangereuse androgynéité. Elle reste frêle, chuchote amplifiée, après s'emporte, voix déformée, le décor sonore et lumineux s'agite instable et pèse, les gestes frappent, durs et millimétrés. La pièce s'impose, forte et ramassée, autant que Cannibales nous semblait se disperser. Trés loin derrière toujours s'égrenne en courtes phrases la vie des autres, étrangère et dépourvue de sens. Les mots dits devant, dans cet espace de jeu confiné, se rassemblent pour constituer une fiction adolescente, mélangée et opposée à une réalité aux recoins sordides et ténébreux. On comprend qu'était nécessaire la plate naïveté de ces mots qui nous irritaient d'abord. Les mouvements suivent les poses de la vie revée d'une rock star. Fausses confidences, masques, omissions, fantasmes et aveux, mais Fanny-David s'abandonne ou se laisse deviner, insinue et livre ce qu'on ne voudrait surtout pas entendre. Donne à voir mais surtout l'ambiguité. On lit qui défile en arrière fond "Julie a un rapport compliqué avec son corps": devant on voit un corps qui se dévoile un peu plus en une beauté étrange, fragile et musculeuse, telle qu'on ne rencontre qu'en danse. Sa danse s'emballe, onaniste et désespérée.
C'était Dedans Dehors David m.e.s. par David Bobée d'aprés Closer de Dennis Cooper avec Fanny Catel-Chanet. Au Théatre de la Cité Internationale, jusqu'au 25 octobre.
Photo (Droits Réservés) avec l'aimable autorisation du Théatre de la Cité Internationale
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