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Saskia Hölbling: F comme ?

JDs'est éclipsé après le solo de Maria Donata d'Urso, prétextant un problème de billet. Prudence ou prémonition? La pièce de Saskia Höbling suit et commence, mais sans commencer vraiment. Les accessoires sont bien là, épars, mais l'espace tarde à se faire habiter. Las, trois présences féminines s'installent en prenant leur temps, la soirée continue  sous le signe de la patience.

Cette forme sous un drap est celle d'une femme nue, mais qui une fois dévoilée reste encore longtemps, très longtemps inanimée. Ses deux partenaires, après quelques fausses entrées, explorent nonchalamment ce territoire bien encombré. Il y a du travail: sur le sol pâle billes, jouets, arbustes, mannequins en morceaux, poupées, dalles de gazon, échelle, tulle, vêtements de genres différents, perruques, fourrures, coquillages, chaises, lampadaires... Il s'agit sans doute d'épuiser les possibilités de vagues manipulations qu'offrent ces objets incongrus. Il s'agit de danser un peu aussi, mais si peu, comme par accident comme par distraction, de manière décalée, comme pour évoquer par gestes perdus des souvenirs oubliés. Les transitions entre chaque action s'insinuent heureusement à rebours de toute logique: quand une danseuse extrait interminablement de sa blouse de travail une pièce de vêtement, c'est pour aller ranger la chose dans un carton et ne s'en servir que beaucoup plus tard.

Mais à force de passer chacune d'un objet à l'autre les filles perdues donnent l'impression de ne jamais trouver chaussure à leur pied. Dans ce jardin un peu triste l'ennui même ironique devient contagieux. On se console en cherchant dans cette désolation un peu de poésie, et dans ce bric à bric des reminiscences de Dali. Quand on est oisif et désoeuvré parfois on tue le temps en allant se baigner. C'est une exquise surprise pour conclure et nous réconcilier: nos trois belles deviennent baigneuses endormies à ne pas remarquer l'absence d'eau- bonnets fifties et maillots démodés, toutes trois ensemble réunies enfin, dans un lieu fictif et qui commence à exister. Pour qu'elles créent du charme in extremis, de la délicate nostalgie. de l'étrange dans une belle rêverie.

C'était F on a pale ground de Saskia Höbling au CDN de Montreuil , avec Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint Denis.

Guy

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