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Un Ange punk

Elle surgit brute, regard baissé, indéfinie, perdue. A ses pieds laisse tomber son survet. Flotte un temps mal dégrossie, en pull informe et slip kangourou, les plis mous mais déjà dedans tendue, habitée d'énergie, à vue.

Il lui suffit de lever un bras pour nous clouer. Le bras à sa suite la soulève et elle est comme mystique. Telle une Thérèse prête à léviter, déjà sur la pointe des pieds. D'un coup une décharge d'accordéon emplit tout, dans cette petite salle, devient les grandes orgues d'une cathédrale intérieure. Bave aux lèvres, son extase portée à deux doigts de l'idiotie. Son corps est superbe dans sa gaucherie retrouvée et offerte: bancale et poils aux pattes, l'air d'un garçon. Buté, osé. Sa passion déferle. La suite est déchaînée, soucis de soi rejeté aux orties. L'être libre s'extirpe par la musique: Parle attaque, fait fuir encore quelques oreilles, trop fragiles, vers la sortie, accompagnées d'yeux effarouchés. Elle: ses mouvements déraisonnés la font se perdre et s'écrouler, se tordre, se retourner, nous entraîner avec elle hors de contrôle, loin de la culture, s'abîmer contre les murs, les fenêtres et toutes les limites, contre le sol s'éprouver. Le pull y devient camisole, dont elle ne peut jamais tout à fait se libérer. Canette aux lèvres, l'ange ivre erre encore, se cogne la chair à se blesser, la bière gicle. Où va-t-elle ? Vers la douleur, la vérité ?

Ce quart d'heure de dangers nous guérit d'éternités de théâtre poussif.

C'était Avant que les brumes de l'automne se dissolvent de Marianela Léon (danse) et Claude Parle (Accordéon), à la Petite Rockette , 6 rue Saint Maur, Paris XI° dans le cadre des rencontres Butoh Ouvert. Prochaine date le 19 décembre.

Guy

Commentaires

  • Merci beaucoup pour Marianela qui n'économise rien et jette tout dans l'action (et qui souvent se blesse ! ! )

  • Ah ! Marianela et Claude, ca du etre un duo magnifique, une bourasque que j'aurais aimer voir ...

    with love from rainy london

    but sun inside

  • C'est peu de le dire!
    Mildred, il faudrait revenir performer à Paris de temps en temps.

Les commentaires sont fermés.