Atsushi Takenuchi dansait et Claude Parle y était:
Une sorte de spore géante en marche vers on ne sait quel impensable destin ...
C'est l'image qui naît sous nos yeux au début de la performance d'Atsushi ...
Avec des sons évanescents, des approximations de naissance, des tentatives de constructions ...
Puis, calmement, après d'innombrables formes circulaires, ondulatoires, en tous cas cycliques, une forme de tige, de support semble se fixer là, au centre du plateau et s'ancrer dans une élévation tout aussi improbable que l'émergence du début ...
Et là, petit à petit, une incroyable métamorphose semble s'opérer ... Un vrai tronc, une vraie forme apparaissent ensemble avec la musique qui peu à peu prend corps et se structure ...
Un tronc bourgeonnant, ramifiant, d'où une ébauche de branches s'élève puis se détache ...
Progressivement, en effet, ces branches semblent s'épauler elles mêmes, s'affranchir du support qui les porte pour évoluer par leur force propre...
C'est alors que, par la musique, on assiste à une sorte de tissage, d'entrelacement de ces branches, comme des lianes qui s'entrelacent à elles même jusqu'à en devenir impénétrables.
S'entrelaçant à la musique en un ferme canevas qui s'érige en un splendide sous bois d'où semble filtrer d'impossibles soleils appelant l'homme, appelant l'espèce à l'image (人/類 :nin/gen) ...
Une lutte s'enge alors entre verticalité et territorialité, entre branches et racines, entre l'air et la terre ...
C'est d'un fruit recueilli dans sa consistance poudreuse que viendra le salut ...
Il essaime, il envahit l'espace dispersé aux souffles des vents, il finit par retomber et envahir sa source même, divin pollen s'autofécondant, métamorphosant l'arbre en une sculpture hors de l'espace et du temps pour atteindre à l'essence même de l'arbre desséché, pétrifié au bord de l'abîme tel un guetteur ultime, une vigie intragalactique qui nous empêcherait de sombrer dans la folie qui sans cesse nous menace ...
texte de Claude Parle à propos de Atsushi Takenuchi - HA-NE NO KI (L’arbre ailé) à Bertin Poiré