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blanka

  • Gare au Theatre: Magneto et Sisyphe

    Il a le texte, il y a la danse. La danse heureusement, et même de très jolis moments. Jocelyn Danchik et Gauthier 36e38846777c48fe933fe01bab668f4a.jpgRigoulot se découvrent l'un l'autre en un duo sensuel et amoureux, Malena Murua fait une avec un rideau de tente et on ne lasse pas de suivre la fébrile Blanka glisser tragiquement sur scène, aussi belle et impavide que Morticia de la famille Adams.

    Hélas tout cela est rapiécé au fil d'une intrigue dont la puérilité nous plonge dans l'embarras. La thématique emprunte à l'univers des X-men de Marvel mais adapté pour classes maternelles. Il faut sans doute recommander la performance aux 5-10 ans, qui adoreront les dialogues ("Je suis un mutant", "Ah tu es un mouton!"), le costume de la femme sirène, et les apparitions de Maguy Ganiko habillé de côtes de maille, brandissant son épée en ombre chinoises derrière le rideau. C'est comme au guignol: attention gentils mutants, fuyez le méchant qui arrive pour vous couper en morceaux! Il faudra tout de même expliquer aux enfants que l'histoire racontée ici est pour rire: un créationniste ne peut pas, par définition même, considérer certaines espèces comme inférieures, car pour lui toutes sont censées être l'oeuvre de Dieu. C'est à l'inverse l'évolutionisme qui pourrait, mais par un développement perverti, prêter à ces dérives. Demandez donc au professeur Xavier. Pour inciter les enfants à venir jusqu'à Vitry, on pourra leur montrer des extraits du spectacle ici.

    On est heureux de revenir dans le monde adulte, avec la compagnie Sisyphe Heureux. Le nom est déjà tout un802253fad8bb58d82ae616a12b30dffe.jpg programme. Pourtant ici pas de rocher à pousser, mais sur scène un tas de gravats. Perchée au dessus, la condition humaine, à l'épreuve de sa vérité. Un danseur en costume de ville- Haïm Adri- au corps et la mémoire habités par le foisonnement des danses populaires, le coeur assailli par la surabondance des musiques et des images sonores. Les mains dans la poussière, se saisissant de la matière, cailloux après cailloux, le regard perdu et un peu fou. Pour une heure de course offerte, c'est grave et émouvant.


    C'était Mysteries of Love de la Cie FuryMoon Ultrabarroka Tanz-theater , par Maguy Ganiko avec Malena Murua, Jocelyn Danchick, Gauthier Rigoulot, Magy Ganiko et Blanka, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche. 

    C'était "Quelle est l'utilité d'une couverture", par la compagnie Sisyphe Heureux, dansé par Haïm Adri et mixé par Benoit Gazzal, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche.

    Guy 

  • Blanka était là

    Les vrais gens étaient là, enfin. Dans la salle des fêtes de la mairie du XIX° arrondissement. Décorée de faux marbres et de dorures, trompes-l'oeil champêtres et colonnes antiques, chaises en plastique, jus d'orange et nappes en papier.

    Avec sur la scène une artiste vivante, contemporaine, et des vrais gens pour la regarder, les mêmes gens que l'on voit au bistrot, dans la rue, au marché, et dans les salles des fêtes justement, toujours devant le buffet, mais alors avec vaguement l'air de se demander s'ils sont là à leur place. Les gens à qui il ne viendrait jamais à l'idée d'aller dans une salle branchée et parisienne, telle la MC 93 à Bobigny par exemple. Les gens à qui nous ressemblons peut-être avec leurs rides, leurs mentons et leurs casquettes, leurs lunettes démodées, leurs enfants et leurs camescopes, leurs fringues en solde, et leurs kilos en trop.

    A la différence de Blanka,princesse d'europe de l'est aux yeux fous, maquillée de noir jusqu'aux lèvres et vetue de blanc flou, tissus et cheveux flottant autour d'une présence fébrile et squelettique, toute droite sortie du bal des vampires. Blankaqui s'autoproclame poète folle, danseuse, chanteuse, actrice, modèle, performeuse, journaliste, musicienne, rien de tout cela à la vérité mais un peu de tout quand même, tant mieux pour l'audace et tant pis pour les cases et les règles.

    Tant pis pour la technique aussi, pour toutes les techniques méprisées avec la désinvolture de la beauté: deux accords de guitare répétés en boucle pour supporter les libres vocalises, puis un obscur monologue sur le mal de vivre et d'être là, dit plus tout à fait en polonais, et pas encore en français vraiment, enfin une danse qui se moque de la virtuosité pour emprunter au flamenco quand Blanka tourne, au buto quand Blanka tombe, une danse parfumée de sensualité mortifère- robe raccourcie en jupe à coups de ciseau par le complice- pour s'achever en une immobilité de plusieurs minutes, de quoi perturber tous les gens, vrais ou pas.    

    Juste ce qu'il fallait pour être poète dans cette salle des fêtes, ouvrir un peu cet espace froid vers un ailleurs rêvé, et mériter quelques applaudissements des vrais gens.

    C'était "Dis-moi, Ophelie crie moi... Ophelie!" de Blanka, dans le cadre de la "fête des urbanités", dans la salle des fêtes de la mairie du XIX° arrondissement.

    Guy