Pas de mouvement. Durant tout le spectacle, la danseuse reste à peu prés immobile, figée dans sa pose, tandis que ses pensées sont matérialisées au moyen d'un texte projeté sur écran. On peut soit tout rejeter en bloc en réaction à ce postulat plutôt raide, soit choisir de se mette à l'écoute de ce que cela peut provoquer. Je regarde, et je vois une BD. Les dessins sur toutes les cases identiques- c'est un procédé souvent utilisé- mais chaque fois une nouvelle bulle témoigne d'une nouvelle rêverie, des nouvelles réflexions. Et sur scène, comme au cinéma ou en bande dessinée fonctionne efficacement"l'effet Koulechov": la posture à l'identique exprime chaque fois quelque chose de différent en fonction du contexte. Les pensées ici, qui flottent autour de la situation de représentation scénique, loin d'être essentielles. Mais attachantes, dans leur honnêteté. Ironiques, souvent. Elles s'enchainent, humeurs fugaces, par association d'idées. Je me laisse inviter à ce voyage immobile. A être plus attentif, je perçois le souffle qui travaille le corps , et le temps se dilate, jusqu'à ce que finalement naisse le geste.
Moteur, d'Enora Rivière, vu le 23 octobre à Point Éphémère dans le cadre du festival ZOA
Guy
Photos (YVAN CHAUMEILLE ET JEAN-PHILIPPE DERAIL) avec l'aimable autorisation du festival