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tezuka

  • Tezuka, connais pas

    Je ne connais rien aux mangas, ni à l’envers ni à l’endroit. Juste j’entrevois souvent, par-dessus les épaules des lecteurs addictifs qu’il me faut enjamber dans les rayons bd, des images qui me paraissent gorgées de sexualité régressive et d’émotions convulsives. Écart de générations, préjugés et mauvais départ… Bref Sidi Larbi Cherkaoui a créé « TeZuKa » pour les spectateurs non-lecteurs de mangas comme moi.

    Il me faut au moins ça. Une narration bienveillante, une pédagogie non forcée, proposée. Surtout en générosité et mouvements, la même énergie que celle déployée pour la trilogie religieuse (Foi, Babel, Myth). Cette énergie s’offre ici à un autre sujet de civilisation. Sidi Larbi Cherkaoui explore des cercles concentriques: celui du Japon, de sa culture, de sa bande dessinée, de l’œuvre du créateur Osamu Tezuka (1922-1989). Il me renvoie aux repères que je connais, l’inquiétude du Japon de l’après guerre, sous les influences occidentales et traumatisé par l’atome, le pays qui donnera naissance aux chefs d'oeuvres de Kurosawa, au buto… Astro-boy nait sur ce terrain là, petit robot atomique, triste et idéaliste, dessiné d’un trait simple à la Disney pour un public d’enfants. En profondeur, Tezuka exprime humanisme, critique sociale, amour pour la vie sous toutes ses formes. Ce soir, il rentre peu à peu dans ma zone d'acceptabilité.

    Dessin, danse, musique: sur le plateau tout se lit et tout se lie. Le corps est passeur, devient récit. Les trois musiciens animent avec des instruments traditionnels une musique qui l’est moins. Les œuvres de Tezuka, projetées en toute ampleur sur grand écran, s’évadent du petit format, et s’anime le mouvement jusqu’alors suggéré. En danger, quand l’encre se brouille et fond. Les danseurs se plient dans les cases projetées. Bras et corps s’agitent parfois comme des idéogrammes. Un calligraphe vient transformer les danseurs en porteurs de messages. Surtout le spectacle, de combats d’arts martiaux en mouvements de masse est porté par un lyrisme qui m’est immédiatement accessible. Je n’ai jamais la sensation de voir des scènes de genre, des japonaiseries. Ils ne sont pas si nombreux, les chorégraphes capables de transmettre ainsi, sans trahison ni démagogie. Je rêve d’un tel hommage à d’autres dessinateurs, Moebius, Will Eisner…

    TeZuKa de Sidi Larbi Cherkaoui est joué à la grande Halle de la Villette jusqu'au 19 mai.

    Guy

    A propos de danse et bande dessinée: Lucky Luk et In the beginning