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Celles qu'on prend dans ses bras - et les autres

medium_sp_9977_p.jpgOn écoute Montherlant, et on se sent bientôt plus intelligent. Extrêmement cynique aussi.

Campés aux trois cotés de ce triangle amoureux: un séducteur vieillissant, une oie blanche sotte et ravissante, une vieille fille sensible et intelligente. Devinez la suite, et laquelle est aimée...

Aucune banalité pourtant, tant le ton est féroce, le texte dur et brillant. On échappe au genre, comme écrit par un Guitry aigri. Le "dans les bras" qui conclu le titre apparaît comme une pure concession à la censure et aux conventions: lorsque l'on rentre dans le vif du sujet les enjeux sont situés bien plus clairement. De la crudité donc, mais jamais de vulgarité ni de facilités: nous nous situons dans un univers dramatique tout à fait suranné où la subtilité est de mise dans les rapports amoureux, où chasteté et débauche constituent de véritables enjeux, où vaincre sans avoir à combattre ne satisferait pas. On pense beaucoup, on parle, on analyse, on s'interroge longuement sur la nature de l'amour. Et on couche après seulement. Cela prend ainsi toute la pièce, de décider de se laisser prendre, ou pas.

L'auteur a souvent été qualifié de misogyne, ce qui n'était pas innocent. Mais c'est ici plutôt de misanthropie dont il s'agit. On sera juste moitié aussi cruel que lui: Coralie Bonnemaiso, qui incarne la malheureuse confidente, domine de très haut ses deux partenaires-pourtant loin d'être mauvais. Et l'on tombe tant sous son charme, que l'on s'étonne en fin de compte que dans la pièce son personnage soit délaissé.

Étrange, involontaire renversement. C'est très injuste, comme tout le reste également.  

C'est toujours au TNO, évidemment.

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