Pour installer cette Obscurité de Verre, au premier actes'imposait une remise à zéro, intemporelle, dépouillée à l'essentiel. Oubli et table rase. Au second épisode: une renaissance- Eau nue- la nudité se trouble d'une mince brume de tissu. La vie commence- cela ne peut être un hasard- par une lente immersion dans ce lac d'un calme de mort au fond de la scène, alors que l'accordéon joue le vent. Après l'évocation de l'origine du monde d'une soudaine violence, la robe devient lourde et mouillée, pèse sur le corps et l'existence. Agitée par les soubresaults du dialogue furieux entre les décharges sonores émises par Claude Parle, et la danse de Moeno.
Au troisième acte, c'est un véritable personnage qui apparaît, un Voyageur habillé d'une robe de temps oubliés, appuyé sur son bâton. Mais nulle joliesse n'est possible ici, la danse échappe au linéaire de la narration, de même que Ninh Lê Quanfait vibrer ses percussions au rebours des productions de rythmes attendus, pour faire surgir par frottements ondes et climats. La robe tombe bientôt de l'effet du chaos intérieur des mouvements. Brûle comme braise une présence charnelle et acharnée, irréductible, démembrant sa forme première en un inhumain mouvement de réversibilité, finissant par s'échapper à elle même en tension du regard vers le haut, juste retenue de l'envol par les extrémités au sol.
Le quatrième jour, naît une fleur de lotus,qui s'extrait de ses pétales en déchirements. Cette forme voilée de transparence blanche vient se meurtrir contre la pierre, ose y rechercher assise un impossible apaisement, dans l'équilibre de la douleur. Mais la blancheur est bientôt maculée d'encre, qui tombe goutte après goutte, altérant tout rêve d'innocence et de pureté.
C'était Moeno Wakamatsu dansant le cycle Obscurité de verre: Eau Nue avec Claude Parle, Voyageur avec Ninh Lê Quan, et Soleil de Lotus, à la Fond'action Boris Vian.
Guy
Photo: Jacques Sadoun