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Jocelyne Danchick: un monde sous contrôle

On trouve plein de cadeaux cette année dans la Dance Box  de Bertin Poiré: une performance de Yumi Fujitani (qu'on a ratée), deux courts mais beaux soli (qu'on a vu), le premier de l'italienne Eleonora Zenero d'une puissance et d'une économie post buto, le second de Saiko Kino, toute en longueurs et en judicieuses obscurités...et hier soir une proposition à la fois corsetée et libérée de Jocelyne Danchick.

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On avait eu plus qu'un avant-goût du concept radical et orthopédique de Breath Cycle avec un solo ici même l'an dernier. Le choc esthétique initial est donc un peu amorti. Mais sans perdre de sa force. Évidemment déja d'un point de vue érotique: la vue d'un sein jaillissant de la prison d'un corset rigide interpelle plus qu'une franche nudité. Il y a heureusement plus à voir ici qu'une offensive fétichiste. Il est troublant de montrer le corps en montrant ce qui le contraint... ou ce qui le soutient. Les mouvements cassés, asymétriques, sophistiqués ou instinctifs, cultivent tout au long cette intéressante ambiguïté. Au son lancinant du cri du cuir. Et au fil de Vivaldi, Haendel, Chostakovitch, pour une mise en perspective historique, de la poupée baroque aux corps industriels, et l'incursion d'inquiétantes araignées charnelles. Tous ces personnages tentent-ils d'être libres dans leur liens, et d'être sujets autant que d'être objets? On entend Freud aussi, pour nous en dire la difficulté. Manier tout cet attirail peut être pesant, J.Danchick introduit aux bons moments une distance ironique bienvenue.

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Tout de même des regrets: de Breath Cycle 1 à Breath cycle 2 le passage du singulier (dans tous les sens du terme!) au pluriel se grippe par moments. Les soli ne détonnent pas mais les ensembles semblent manquer de précision, ce qui est un comble s'agissant d'une évocation du corps-machine. Question de rodage (il vrai que c'est la première), d'huile dans les rouages? Là n'est pas le plus important. Les danseuses et le danseur se libèrent de leurs carcans à la fin: on est soulagé pour eux...Voire: les corps d'aujourd'hui sont tout autant contrôlés qu'avant, mais de manière plus subtile, par des appareillages moins visibles. Ce n'est pas le moindre mérite de Breath Cycle de nous le rappeler.

C'était la création du Monde Entre Parenthèses, ♥♥♥ second volet de Breath Cycle, de Jocelyne Danchick avec Melanie Brockmann, Onenn Danveau, Claudia Gradinger, Charles Essombe, Malena Murua. Ce soir encore, Dans le cadre du festival Dance Box, qui s'achève le 29 mars, à l'Espace Culturel Bertin Poiré

Guy

P.S. : photos de Danielle Voirin, avec l'aimable autorisation de Jocelyne Danchick

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