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Herman Diephuis: 6 fois Julie Andrews

Cher Herman Diephuis

On a vu votre Julie, entre autres... mais avant de décider si on a aimé, une question: vous-même, aimez vous cette Julie, oui ou non? C'est à dire le modèle de départ, le personnage même? Question centrale. Car en regardant la pièce que vous avez crée à partir de matériaux tirés de La Melodie du Bonheur,on ne sait jamais pas à quel degré se situer, peut-être car on ne sait pas non plus où vous vous situez vous-même. Ily a t-il au départ de la nostalgie? Voulez vous simplement nous faire réfléchir? Vos six interprètes de Julie Andrews nous sourient d'un bout à l'autre, et machinalement nous leur sourions aussi. Sans crier à la manipulation, ce n''est qu'un sourire réflexe. Mais cela suffit il pour alimenter une véritable réfléxion sur le "marketing de l'optimisme"? Voire une critique du divertissement, à la manière du dernier sujet de controverse produit par Maguy Marin? Vous nous invitez à "grimper la montagne" avec Julie Andrews. Votre confrère Alain Buffard s'attaquait lui aussi à la comédie musicale par d'autres versants, avec (Not) a love song. Mais on avait le sentiment que son projet fonctionnait mieux, sans doute car malgré tout le détournement des codes, tout le second degré, la jubilation naïve face à ses sources d'inspiration restait évidente. On était, en sa compagnie, "dedans" et "en dehors" à la fois. Dans un déséquilibre dynamique. Dans une ambiguïté stimulante. On jubilait et refléchissait à la fois.

Cela écrit, votre pièce est drôle, dans les gestes et dans la danse. Quoique nous faire écouter 5 versions à la suite de "My favorite things"(2 fois façon chanteuses de jazz, 2 fois façon crooner, une fois style punk) ne peut que tendre vers l'exercice de style, la gratuité. Et l'usage du play-back, ne peut qu'évoquer le style "spectacle de fin d'année", même ultra pro et reglé. Heureusement on se réveille quand Dalila Khatir donne de la voix, pour de vrai, on s'accroche au fauteuil. Puis quand les autres interprètes s'y risquent un peu. Mais on en revient à la question de départ, on ne sait pas où se situer. D'autant plus qu'en France nous sommes moins familiers avec La mélodie du Bonheur que dans les Pays-Bas de votre enfance. Personne ne vous a prevenu? Ou visez vous le marché anglo-saxon? Il faut une certaine remise à niveau pour vous suivre, et comprendre les allusions que vous faites à l'histoire, à sons de cloches et autres. Avec vous ce n'est jamais inintéressant, mais c'est toujours difficile à suivre. Pour Julie, comme on est sérieux on avait acheté, avant de voir votre chorégraphie, le DVD du film avec les bonus. Sans compter qu'on va devoir s'inscrire à la visite guidée organisée bientôt au Louvre, rien que pour comprendre les références de votre excellent "Dalila, par exemple"... (qui repasse au T.C.I.).Vous rendez vous compte à quel point vous faites travailler vos spectateurs? Pour en revenir à Julie, découvrir adulte le film La Mélodie du Bonheurc'est vivre une expérience kitsch surprenante, toutes ces histoires de bonnes soeurs et de blondinets qui courent dans les champs en chantant Edelweiss. Remarquez, le petit dernier a beaucoup aimé... Nous, est on trop vieux? Ou est ce un sujet inadaptable, au delà du niveau candide? Est il intéressant de critiquer le bonheur? En tout cas, merci pour les dernières minutes, vous avez choisit une interprétation de "My Favorite Things" par John Coltrane  vraiment déchirée. Auriez vous la référence? Savez vous- vous le savez sûrement- que Coltrane enregistra des dizaines de "Favorite Things" jusqu'à sa mort durant toutes ses années soixante, pour sans cesse transformer la mélodie gentillette en... autre chose d'absolu, et qu'il s'était absolument approprié. Est-ce le temps qui manque à votre Julie entre autres"? On en revient toujours là... Êtes vous sur d'avoir "tué" la Julie de votre enfance, avant de nous en montrer une autre?

Bien cordialement

Guy 

P.S. On a un reproche à vous faire, pour une faute inexcusable. Vous ne créditez nulle part sur programme les auteurs de toutes les chansons que vous nous faites écouter: Richard Rodgers (1902-1979) et Oscar Hammerstein II (1895-1960). 

C'était Julie, entre autres ♥♥♥ d' Herman Diephuis,avec Jerome Andrieu, Trisha Bauman, Julien Gallée-Ferré, Claire Haenni, Christophe Ives, Dalila Khatir au théâtre de Vanves, avec Artdanthé

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