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Haïm Adri, une Danse à Entendre

Ici la danse est méchante, décousue en apparences, c'est la musique qui fait tenir ensemble tous ses morceaux. Une musique si étonnante-aux couleurs si concrètes-, qu'on croirait pouvoir la toucher: grattements et grincements, roulements de tambour, confusion de papier-journaux froissés, glissando de contrebasse, discours inintelligibles et éructés, chants patriotiques jusqu'à l'insoutenable, claquettes et a-capella de rythm's & blues, claquement du mêtre-mesureur, rythmes folkloriques, gloussements et déglutitions qui dégénèrent en cris d'animaux.

Cela pourrait être le sujet de la pièce: d'inévitables décadences qui détruisent individus et troupeau, jusqu'à une conclusion portée au paroxysme du pessimisme: fleurs foulées sans jamais avoir été offertes et ballons blancs que l'on fait éclater avant la fête, bouteilles vides projetées par une catapulte pour couvrir la scène de déchets: civilisation en phase finale. Il y beaucoup de talent dans cette froide entreprise de saccage. Une rare violence à l'oeuvre, impitoyable et clandestine. Auparavant l'existence du groupe aurait été de bien courte durée, du heurt des couples jusqu'à une communion de tous ensembles sur un mode folklorique grinçant, comme une codification des nevroses. Le lien reste tissé un instant, mais pour le pire peut-être, pour des hurlements patriotiques. Bien évidemment, la danse est tendue, dense et oppressante, comme des corps les expulsions de tics et pulsions opprimées, ou des exercices égocentriques jusqu'à la démence. Ici la noirceur se supporte, et plus encore, tant elle est intelligement dosée.

C'était Fronts de Haïm Adri - compagnie Sisyphe Heureux, avec des sons de Benoit Gazzal.

A Gare Au Théatre, encore dimanche avec le festival "Nous n'irons pas à Avignon".

Guy

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