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gare au théatre

  • En V.O.

    As we hear the first lines, we're surprised! The theatre did let us know the performance was in english language, but it appears the french subtiles (that were announced on the program) are, for some technical reason, actually missing....Well, We've all got to adapt, and focus. As watching a danse performance. I remember reading that Orson Wells once said he rather attend a show in a language he didn't knew, to let him fully envoy the playing of the actors... The consistency and musicality of the work of the two actress on stage are indeed attractive. But I am frustrated. I sure miss a great part of the subtility of the play. I've got the feeling to always stay far behinds the meanings, being always to slow, unable to catch all of possible implications. Thanks to Barker's writing style, some words and sentences are often repeated. On the other side, placed into an accurated state on attention, I've to let my imagination work, forced to fill the gaps. Being aware that Barker's theatre can be interprated in many ways. All things considered, It's tonight quite an interesting expérience to live.

    In addition, according to Barker's habits, the time and place of the plot are all but explicit. What did I hear, what did I see? It's as confused as the words I use to express it. After a mysterious "alteration", a catastrophe of some kind, they're only two women left on stage (and in the world?): that is a former contess and her servant. Lost in a no man's world, maybe in a no male's world. The relationships betweens these two women seem to be have been reversed, now upside-down. The former servant rules (but the situation is much more twisted than it seems at first glance). She wants her husband to have her former mistress (in a sexual way). The whole play is built on this strange request. But I'm not sure the invisible husband really exists off the stage, maybe he's only the expression of the two women's desire. Of the former servant thurst of social revenge, or of the former mistress secret fears and fantasy. It's no surprise we feel an heavy erotic atmosphère all along. The play deals strongly with social power, desire, dignity, dependence and cruallty. Sometimes a mecanic dogs appears, to claim some contess clothes, have her partly undressed. The dogs is beautifully played by a man, he frighteens the two women, it seems he is send by the husband. I ask myself if the dog could be the husband himself. There is a strong contrast between the elegance of the lines and pronunciation and the violence of their very physical relationships. What the language may be, the two women litteraly fight each other. I enjoy this harscheness. Most interesting, the former contess appears, by her way of speaking, not to be a victim, she dosn't act as submitted. The former servant domination is full of doubts. At last, the former contess disapears off the stage to have forced intercourses with the invisible husband. Or maybe it was just an fantasy. Anyway, she returns form this encounter placed an upper position. The dog nows obeys her, the roles are again reversed. The play could continue in a circular way from now on, with further alterations. Only one thing is sure: the two women need each other. It may have political implication, beyond phsycological meanings. I'm out of words now, so that'll be all, and sorry for the many mistakes. If anybody saw another story he's welcome to tell it.

    Guy

    Howard Barker's Deep wifes, shallow animals , directed by  Patrick Vershueren, at Gare au Théatre (cup of theater festival).

    lire aussi: Dona Juana

  • Vu avant Avignon:Gertrude crie toujours deux fois

    mis en ligne le 20 juillet 2009

    S'il s'agissait d'un combat, ce serait celui de David contre Goliath: cette troupe venue d'Auvergne n'a sûrement pas disposé ne serait ce que du dixième des moyens dont avait bénéficié Giorgi Barberio Corsetti pour monter Gertrude (Le Cri), à l'Odéon.

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     photos par Dominique Jouvet avec l'aimable autorisation du Théatre du Corbeau Blanc

    Et pour nous c'est tant mieux: à voir cette mise en scène plutôt bas budget (qui d'ailleurs fût la toute première à être créé), on se dit rétrospectivement que la version parisienne s'égarait par trop de digressions, décors coulissants, déboités, renversés, effets et fumée... Ici nécéssité fait vertu, tous à vue et cadre unique, des tables, des verres et de la lumière, priorité aux corps et aux textes à cru, l'énergie bien focalisée. La pièce y retrouve une certaine clarté- même toute relative s'agissant d'Howard Barker, les dernières scènes posant toujours problême. Les personnages bien dessinés, impliqués, assumés: la vieille plus vieille, Cascan plus didactique et détaché-presque un choeur antique, Hamlet plus veule, Claudius plus accro à Gertrude, et Gertrude encore plus impudique, voire plus tragique... Bel équilibre: complexité et ambiguités du texte ne sont pas pour autant sacrifiés à ces caractérisations. Avec le teléscopage des niveaux de langage émergent de nouvelles significations, des oppositions plus marquées entre idéalisme et matérialisme, et ainsi dans le prolongement des entreprises d'Hamlet les périls d'une dictature misogyne et puritaine...

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    Ces beaux acteurs prennent tout les risques... le plus flagrant est de choquer, le plus essentiel est de jouer l'émotion et l'incarnation dans le cadre d'un théatre contemporain. Le personnage de Ragusa, par exemple, y gagne d'exister. Sous le trash et le rock 'n roll est posé un certain classicisme, de ces déclinaisons c'est avant tout Howard Barker qui ressort vainqueur.

    C'était Gertrude (Le cri), par le théatre du corbeau blanc: texte d'Howard Barker, mise en scène de Günther Leschnik, traduction de Jean-Michel Déprats et Elisabeth Angel-Perez, avec Sophie Millon en Gertrude (déja vue dans M.A.M.A.E.),Sébastien Saint-Martin, Denis Mathieu, Guillaume Caubel, Marie-Pascale Grenier, Véronika Faure, Thomas Roche.

    Dans le cadre du Festival "Nous n'irons pas à Avignon", à Gare au Théatre.

    Guy

    Lire Gertrude, version Odéon

    Le Théâtre: Entrepôt - Compagnie Mises en Scène

    1 ter Bd. Champfleury - derrière la Gare

    dates: du 9 au 18 Juillet 2010 à 17h30

    Spectacle de 2 heure - Réservation: 06 27 11 48 84

     

  • Etcha Dvornik, matérialisée.

    Résolue et corporelle, sans rien s'épargner. Acharnée. Seule contre elle même, Etcha Dvornik  fait le choix du solo, juste soutenu d’extraits vidéo. Quoiqu’on puisse après en penser, on doit reconnaître qu'à la différence de l’épisode précédent et autour des mêmes thèmes, son propos s’en retrouve méchamment concentré. L'étrangère, déplacée. Aveugle pour commencer, puis qui existe à force d'une répétition obstinée des mêmes gestes, frottements névrotiques ou mouvements amples à respirer, entre grâce et grotesque. Quelques moments d'absence succombent à une sur-présence charnelle, qui touche à l’obscénité gesticulatoire, obsessionnelle. Pendant ce temps sur l'écran du fond, irréelle et éthérée, la jeune Daphnée Favreliere parle en images comme dans un film français des années 70. C'est délicieusement désuet et ça sonne justement faux. Sur scène Etcha Dvornik en rajoute à l'inverse dans le trivial et le vrai, manie les bottes de paille, bêle à s'humilier, casse assiettes et oeufs crus, et re-danse du début. Toujours encore pourtant en code de représentation. Le corps est à la fois cruellement concret et cruement incorrect, matière vive frottée d'oignons, jusqu’à l'exposition cynique. Pour un résultat embarrassant et singulier.

     

    C'était, en juillet dernier,  Alpe! Alpe ! ou le cri du cochon dans la nuit d'hiver III: l'absence, de et avec Etcha Dvornik, Daphné Favreliere et vidéo, à Gare au théatre, pour Nous n'irons pas à Avignon.

    Guy

  • Isabelle Esposito: Nuit Sénile

    Il y a cinq corps et six lits. Manque donc un corps... ou est-il déjà mort? Pour ce que valent les six autres corps, qui bougent comme malgré eux... Dans ce mouroir ou cette maison de fou, les six lits sont ramassés au milieu de la scène. Un espace terminal. Pas moyen de s'en échapper. Les personnages sont engoncés dans des dentelles vieillottes et des chemises de nuits blanc cassé à collerettes. Blanchis et amidonnés, êtres abandonnés, gardiens d'eux mêmes. Leurs gestes sont en morceaux. Nus du superbe du pathétique. Les mouvements s'oublient, dé-cordonnés, se répètent. Plus d'intention, les pièces du jeu d'échec sont dispersées. Les paroles sont déphasées des actions, tournées vers l'intérieur. Ouvrent des Sunset Boulevard désespérés et solitaires. La poésie est triste, belle, inattendue. C'est sans concessions ni musique, le silence pèse sur les impuissances.

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    L'expérience s'étire, oppressante, audacieuse, douloureuse. Certains dans le public préfèrent rejoindre dehors le jour. C'est long. Mais la vieillesse sera plus longue encore, et pénible. Nous ne sommes pas tous fous peut-être, nous serons tous morts ou vieux. Nous touchent déja les résonances de nos propres moments blessés. Puis de soudaines agitations rassemblent ces errances eparses. Les fous prennent conscience les uns des autres, les sénilités s'agitent dans tous sens. Les fous imposent aux objets de nouvelles possibilités. Une bataille de polochons commence, la plus hagarde qui soit. La drôlerie gagne, irrésistible et grinçante, sans qu'on ose vraiment rire. Les fous sont encore vivants, malgré tout, nous aussi.

    C'était Vieille Nuit d' Isabelle Esposito, avec Anne-Sophie Aubin, Thomas Laroppe, Isabel Oed, Maxence Rey, Sylvain Wallet, à Gare au Théatre, avec "Nous n'irons pas à Avignon"

    Guy

    P.S. du 24: nouvelle photo avec l'aimable autorisation d'Isabelle Esposito (on aura reconnu Maxence Rey, vue en mai avec Kataline Patkai)

  • Embarras...

    On aurait aimé refaire connaissance avec Cécile Saint-Paulcroisée il y a longtemps, faire connaissance avec l'artiste. Ce fût un rendez vous manqué. D'ailleurs prédit en toutes lettres sur la feuille de salle: "Il y a des abîmes entre les gens. Quelques espoirs déçus. Des rencontres manquées entre les gens. Des attentes". En raison de cette infranchissable distance, déjà entre le spectateur penché en avant et les silouettes perdues dans l'obscurité du fond de cette terrible scène-hangar? Tout semble trop loin de nous et égaré dans les intentions. Ce théâtre a renoncé à la narration et au naturalisme- soit- mais sans atteindre l'évidence de la danse-même qui se frotte les yeux-, ni faire naître d'autres vraies tensions. A commencer avec les fragments d'un discours publicitaire pourtant là prés du public, mais dont les répétitions impatientent plutôt que de suciter une réaction. La tentative voisine commise à la Villette par Patricia Allio et Eléonore Weber était, à tout prendre, plus stimulante. Ensuite se succédent différentes ambiances minimales mais élaborées: recits sonores, guitare saturée, video, collage d'affiche, recitatif... Mais ces suites se dispersent hors champs, le sens se recherche à la lampe torche d'un bout à l'autre du plateau. A l'épreuve des souvenir d'une dizaine de jours plus tard ces épisodes sans liens semblent diverger de plus en plus sur l'océan des trop vastes ambitions. Dommage. A bientôt.

    C'était Embarras, de Cécile Saint Paul, à Gare Au Théatre, avec "Nous n'irons pas à Avignon".

    Guy

  • Silenda entre les rives

    Nous ne sommes pas encore le 14 juillet et ce n'est pas un feu d'artifice pour commencer. Ni un âne bientôt, dans le rôle du maître de cérémonies, pas plus après des lapins ambigus. Cela ne ressemble à rien de bien défini- tant mieux- femmes de cuirs, animaux ou présences nip08pontspetite.jpgentre les deux, qui bougent comme dans un rêve, toujours éveillé, même souvent agité, avec ses surprises, ses petites angoisses et ses stridences, entendues et dansées. Des séquences d'abord tête basse et bras ballants, puis inquiètes et saccadées, ensuite qui se prolongent en duos monstrueux, courses et poursuites, en rondes endiablées, vers plus de fluidité. Dans cet exercice il y a bien des pieges, mais qui sont évités. La charpente ne se laisse pas deviner, et l'interdit n'est pas dit. L'important est qu'on ne se réveille jamais vraiment, plongé dans l'onirique. Ce n'est plus toujours de la danse et ni du théâtre, non plus. En tout cas d'un humour cru et d'une belle énergie. Pas loin du meilleur de ce qui se situe aux croisements flous d'un voyage halluciné qui dure, dure, de rencontres en rencontres. Les paysages défilent sur l'écran comme les transparences derrière les acteurs des films d'avant, avant qu'y soient proposés des échos du mouvement.

     C'était (la semaine dernière) Pont Courants de Laura Simi et Damiano Foa- Compagnie Silenda, dans le cadre du festival, "Nous n'irons pas à Avignon", à Gare au Théatre.

    Guy

    visuel: site Gare Au Théatre

  • Haïm Adri, une Danse à Entendre

    Ici la danse est méchante, décousue en apparences, c'est la musique qui fait tenir ensemble tous ses morceaux. Une musique si étonnante-aux couleurs si concrètes-, qu'on croirait pouvoir la toucher: grattements et grincements, roulements de tambour, confusion de papier-journaux froissés, glissando de contrebasse, discours inintelligibles et éructés, chants patriotiques jusqu'à l'insoutenable, claquettes et a-capella de rythm's & blues, claquement du mêtre-mesureur, rythmes folkloriques, gloussements et déglutitions qui dégénèrent en cris d'animaux.

    Cela pourrait être le sujet de la pièce: d'inévitables décadences qui détruisent individus et troupeau, jusqu'à une conclusion portée au paroxysme du pessimisme: fleurs foulées sans jamais avoir été offertes et ballons blancs que l'on fait éclater avant la fête, bouteilles vides projetées par une catapulte pour couvrir la scène de déchets: civilisation en phase finale. Il y beaucoup de talent dans cette froide entreprise de saccage. Une rare violence à l'oeuvre, impitoyable et clandestine. Auparavant l'existence du groupe aurait été de bien courte durée, du heurt des couples jusqu'à une communion de tous ensembles sur un mode folklorique grinçant, comme une codification des nevroses. Le lien reste tissé un instant, mais pour le pire peut-être, pour des hurlements patriotiques. Bien évidemment, la danse est tendue, dense et oppressante, comme des corps les expulsions de tics et pulsions opprimées, ou des exercices égocentriques jusqu'à la démence. Ici la noirceur se supporte, et plus encore, tant elle est intelligement dosée.

    C'était Fronts de Haïm Adri - compagnie Sisyphe Heureux, avec des sons de Benoit Gazzal.

    A Gare Au Théatre, encore dimanche avec le festival "Nous n'irons pas à Avignon".

    Guy

  • Gare au Theatre: Magneto et Sisyphe

    Il a le texte, il y a la danse. La danse heureusement, et même de très jolis moments. Jocelyn Danchik et Gauthier 36e38846777c48fe933fe01bab668f4a.jpgRigoulot se découvrent l'un l'autre en un duo sensuel et amoureux, Malena Murua fait une avec un rideau de tente et on ne lasse pas de suivre la fébrile Blanka glisser tragiquement sur scène, aussi belle et impavide que Morticia de la famille Adams.

    Hélas tout cela est rapiécé au fil d'une intrigue dont la puérilité nous plonge dans l'embarras. La thématique emprunte à l'univers des X-men de Marvel mais adapté pour classes maternelles. Il faut sans doute recommander la performance aux 5-10 ans, qui adoreront les dialogues ("Je suis un mutant", "Ah tu es un mouton!"), le costume de la femme sirène, et les apparitions de Maguy Ganiko habillé de côtes de maille, brandissant son épée en ombre chinoises derrière le rideau. C'est comme au guignol: attention gentils mutants, fuyez le méchant qui arrive pour vous couper en morceaux! Il faudra tout de même expliquer aux enfants que l'histoire racontée ici est pour rire: un créationniste ne peut pas, par définition même, considérer certaines espèces comme inférieures, car pour lui toutes sont censées être l'oeuvre de Dieu. C'est à l'inverse l'évolutionisme qui pourrait, mais par un développement perverti, prêter à ces dérives. Demandez donc au professeur Xavier. Pour inciter les enfants à venir jusqu'à Vitry, on pourra leur montrer des extraits du spectacle ici.

    On est heureux de revenir dans le monde adulte, avec la compagnie Sisyphe Heureux. Le nom est déjà tout un802253fad8bb58d82ae616a12b30dffe.jpg programme. Pourtant ici pas de rocher à pousser, mais sur scène un tas de gravats. Perchée au dessus, la condition humaine, à l'épreuve de sa vérité. Un danseur en costume de ville- Haïm Adri- au corps et la mémoire habités par le foisonnement des danses populaires, le coeur assailli par la surabondance des musiques et des images sonores. Les mains dans la poussière, se saisissant de la matière, cailloux après cailloux, le regard perdu et un peu fou. Pour une heure de course offerte, c'est grave et émouvant.


    C'était Mysteries of Love de la Cie FuryMoon Ultrabarroka Tanz-theater , par Maguy Ganiko avec Malena Murua, Jocelyn Danchick, Gauthier Rigoulot, Magy Ganiko et Blanka, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche. 

    C'était "Quelle est l'utilité d'une couverture", par la compagnie Sisyphe Heureux, dansé par Haïm Adri et mixé par Benoit Gazzal, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche.

    Guy 

  • Clotilde du Nord: l'un parle, l'autre pas

    Certaines y vont à fond. On savait bien qu'on avait déjà vu la dynamique Alicia Roda dans d'autres habits que ceux de Cressida: c'était dans "Parce qu'ils vont crier / porque van a gritar" de Miranda Aboal, mis en scène par Marine Biton Chrysostome au Théatre de Nesle. Pour une performance moins mémorable qu'au T.N.O, malgré des efforts plus que méritoires: hurler à 110%, déclamer en équilibre sur une échelle, se faire tartiner de fromage blanc par les spectateurs (cela évoque du Rodriguo Garcia habillé), se laisser maintenir la tête dans un aquarium par son partenaire puis s'y tremper par morceaux variés, se livrer à un pugilat conclu par un spectaculaire rétablissement les pieds au mur...Cette fille sait tout faire, et c'est un dur métier, et sûrement pas assez payé.

    D'autres montent sur scène comme ils s'allongeraient chez le psy. Carlos Tinoco se raconte en auto-fiction dans Idi Amin Dada, mis en scène par Marie-Clair Peretti à Gare au Théatre, et l'on s'endort un peu. Le garçon, bien qu'(ex?) prof. nous semble tout sympathique, et il ne débite pas que des banalités. Il nous touche et juste quand il évoque les désarrois des enfants surdoués. On lui payerait volontiers un verre. Mais nous sommes le public, et lui est sur scène, et il ne nous donne pas l'impression de vraiment maitriser ce qu'il entend y faire. 

    b815aaf4954e494b0f55115396bdd6a2.jpgCertaines se taisent, et ainsi existent d'autant plus, avec force. Avec une évidence subliminale. Telle Aurore Monicard, interprétant Clotilde du Nord, mis en scène par Sarah Doignon. Sans dire un mot. Le texte de Louis Calaferte, est porté seul par son partenaire Karim Lagati d'un bout à l'autre. Cette parole permet à l'homme, mot après mot, d'installer une domination étouffante. La victime, l'étrangère, a elle droit au silence. Mais la parole de l'homme ne vaut qu'en raison de sa présence. Emprisonnée.

    Soyons franc: le théatre social n'est pas notre tasse de thé. Mais il y a là, formellement, un tour de force, et en parfait accord avec le sujet. On l'avait vu la pièce il y a quelques mois sous la forme d'une étape de travail et présentation publique. La création c'est à Gare au Théatre jusqu'à dimanche.

     Guy

  • 6 fois Loretta Strong

    Dernière semaine pour le festival de Gare au théâtre , le programme d'hier soir (et qui se répetera jusqu'à dimanche) ne pouvait pas laisser indifférent.

    medium_nip06alpe.jpgOn a d'abord tendu l'oreille pour écouter "Alpe! Alpe! ou le cri du cochon dans la nuit d’hiver" de la compagnie Etcha Dvornik. Mais sans parvenir à entendre quoique ce soit d'intelligible. On s'est juste trouvé rétrospectivement bien sévère d'avoir jugé, dans le même lieu, Murmurs trop confus. Au moins la pièce de Furymoon avait-elle ses moments.

    Ici rien qui tienne debout et pourtant tout y passe: récitatifs graves et d'une naïveté désarmante, déhanchements douloureux, danse en transe, effondrements tragiques, visites dans les rangs du public, heurts contre les murs, entrées et sorties incessantes, accessoires à la pelle-pelles justement, râteaux et brouettes à volontés comme en fin de soldes au B.H.V.-, nudité intégrale comme par obligation syndicale, perruques et déguisements sans sens, effet de fesses et de seins, courses interminables et bruyantes perdues en fond de scène- le plateau de Gare au Théatre est hélas assez grand pour inspirer aux chorégraphes toujours les mêmes facilités- bref tout le bric à brac de la transgression convenue, et tout cela sans une seule fois nous surprendre.

    Heureusement le temps fait tout oublier: on retrouvera sûrement à la rentrée l'envie de voir de la danse. 

    On poursuivait avec la Tentative Intime de Sabine Revillet, laquelle avait mobilisé pas moins de cinq metteurs en medium_tentative_intime.2.jpgscène pour son projet. Qui consistait à adapter ses journaux intimes écrits depuis l'âge de douze ans. Pour confirmer ce que l'on a pu déjà souvent constater: dés qu'on voit écrit le mot "intime"s'agissant d'un spectacle, ce n'est pas très bon signe. Car, malgré tous nos efforts pour accepter nous aussi la naïveté assumée du concept, moins de vingt quatre heures après avoir entendu un texte de Montherlant, le contraste était cruel.

    Cela dit, on souriait quand même. On appréciait la distance ironique que l'actrice établissait avec son auto-sujet, et dans le même temps l'empathie qu'elle suscitait. On saisissait de bon coeur les rubans de robe qu'elle nous tendait. En un mot on se laissait émouvoir. Mais sans réussir à entrevoir, quoi que soit d'universel. 

    Heureusement à 20 heures, décollai(en)t Loretta Strong.

    La medium_affiche1.gifLoretta Strong de Copi (1940-1987),mais au pluriel, en la personne de 6 actrices à la fois, pour saisir ensemble le rôle à bras le corps et l'agiter en tous sens, le répandre sur le plateau membre par membre. En une folie démultipliée, en une hystérie croissante, version cours de récréation après que les enfants aient étranglé les surveillants, pour nous faire partager une heure de terrible régression.

    Car la troupe- Infraktus-, en une surenchère parfaitement réglée de ballons en plastiques, de bruitages, de hurlements, d'éructations, de contorsions, de chewing-gums, de positions grotesques, de mimiques appuyées, de tirs de pistolets jouets, réussit à situer la pièce à sa juste place: dans le domaine de l'enfance.

    L'enfance des peurs indicibles, de la peur de se perdre, celle du sexe, de la mort, de la dévoration, de la mutilation. Transposées en aventures spatiales, grotesques et obscènes, de Loretta Strong, perdue dans un espace paniqué où tout s'effondre et disparait en de sanglantes explosions. Jusqu'en dernier son corps. Tout cela suscite medium_63533.jpgun ricanement qui s'étrangle dans la gorge.

    Mais pourrait il en être autrement? Les histoires que nous racontent les enfants ne nous font jamais rire, et celle là encore moins. Surtout ce soir parfaitement mise en mouvements, en une performance physique étonnante et tout à fait maîtrisée. Et on a eu personnellement le plaisir d'être affublé quelques instants de la perruque verte de Linda. On était content, car on avait rien porté de tel depuis mai 1986. Mais il s'agissait d'une autre soirée, évidemment...