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Le Chantier de La Ribot et Mathilde Monnier

C'est une idée fertile que d'ouvrir aux spectateurs des étapes de création et autres travaux en cours. On y goûte coté danse, dans des lieux de résidence comme Point Ephémère, ou au Regard du Cygne. Coté théâtre, le théatre2genevilliers en fait une des preuves de sa volonté d'ouverture sur la ville et à tous les publics. Ce sont des situations inattendues, le regard s'étonne de moments fragiles, ambigus, veut aider et imaginer. Le jugement se désarme au profit d'une compréhension plus généreuse de ce qui se met en route vers des directions encore incertaines.

gustavia par marc coudrais.jpg

On se sent dans cette situation à regarder La Ribot et Mathilde Monnier dans un dense enchaînement de duos et situations. Les dames commencent en des faux pleurs qui ressemblent à des fous rires, pétillent et se renvoient la balle, nous font partager leur jubilation de se découvrir l'une l'autre. Font montre de brio et de virtuosité, on en n'attend pas moins d'elles vues les quelques décennies d'expériences que  les deux chorégraphes ensemble totalisent. De multiples ambiances sont traversées, les références au cinéma de Charlie Chaplin et Buster Keaton sont évidentes et assumées, témoin le stekch inusable de la planche que l'une retourne pour assommer l'autre. Mais on se fait alors la reflexion que les deux génies du muet avaient su oublier l'âge des batailles générales de tartes à la crème pour mettre le comique visuel au service de vrais personnages, et de la représentation de la condition humaine. Durant les temps morts, on lit, pour essayer de recoller les morceaux, le texte de Gérard Mayen sur la feuille de salle qui évoque un "laboratoire" et souligne que le duo garde un coté "fripé". On apprend tout le plaisir qu'elle ont eu à créer ensemble: tant mieux. On lit: "Une pièce doit-elle forcement parler de quelque chose?" et "(Gustavia) est une forme profondément originale, comme échappée de ses auteurs, pour un jeu constamment relancé, jamais arreté". On ne saurait mieux dire. Celle des ébauches qui vient en dernier est la plus prometteuse, un dialogue drôle et endiablé, sous-titré de gestes. Inédit et entrainant.

Dans le parking du Centre Georges Pompidou un couple en discute encore: "T'as vu comme La Ribot fait trembler ses muscles, elle est extraordinaire", "Mmmmouias, mais je n'ai pas compris où elles voulaient en venir" bougonne le monsieur. On est d'accord avec le monsieur, mais c'est frais et prometteur, on ne manquera pour rien au monde la création de Gustavia, quand la pièce sera achevée.

C'était Gustavia, de et avec Mathilde Monnier et La Ribot, au Centre Georges Pompidou, avec le Festival d'Automne à Paris. Jusqu'à dimanche.

Guy 

photo par Marc Coudrais avec l'aimable autorisation du Festival d'Automne à Paris

Voir Gustavia en images (costumes noirs sur fond noir) chez Vincent Jeannot, lire le Tadorne à Montpellier Danse, et Rosita Boisseau pas emballée dans Télérama.

Commentaires

  • Non, mais c'est incroyable! Vu à Montpellier Danse en juillet dernier, je m'étonnais déjà de l'aspect "répétition". J'avais été indulgent. Mais là...Il serait tant que Monnier fasse enfin quelque chose d'un peu abouti.
    ( http://www.festivalier.net/article-21042241-6.html )

  • A lire: les post de "Native Dancer" et "Jazz à Paris", à propos d'une autre performance de Mathilde Monnier avec Sclavis à Jazz à la Villette:
    "Était-ce encore en phase de travail ou alors n'ai-je absolument rien compris ?"

    http://native-dancer.blogspot.com/2008/09/mathilde-monnier-les-signes-extrieurs.html

    http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/09/17/10617251.html

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