D'abord elle parle. De la salle. Dans un français impeccable. Mette Ingvartsen nous prend et nous installe ainsi dans sa thématique, ses récits. Le corps de la performeuse intervient en son temps, évidemment pertinent, intense objet au cœur de ce sujet de la pornographie. Mais les mots permettent- utile mise à distance- de ne rien s'interdire dans le champ choisi. En évitant les pièges de d'un sensationnalisme sans sens, ou de la trivialité. Il n'est pas vraiment besoin de définir ce qu'est la pornographie, mais la proposition de la chorégraphe permet de s'interroger sur ce que le phénomène véhicule, quels rapports de force il induit, entre merchandisation, moyen de libération sexuelle ou outil de domination sexué. Les mots de Mette Ingvartsen nous transportent des romans de Sade aux plateaux de films érotiques, ou sur le tournage d'un film de guerre. Ces mots habillent sa nudité, dessinent en instantané situations et costumes. Sans juger ou démontrer, ni militer ni limiter, mais juste par exemple nous laisser décider ce qui serait le plus obscène, entre un jet d'urine ou la description du sang versé par les armes. Aussi le corps, en maitrise et subtilité, exprime lui intense ce qu'il peut y avoir de dur et violent, de jouissif évidemment, mais d'ironique, de joyeux même dans ces déclinaisons. Il se prête crûment aux poses les plus éculées du genre, ou s'exalte en une danse pop débridée, se laisse percevoir dans toute sa vulnérabilité le temps d'un essoufflement... S'évade pour finir dans un espace fantasmatique, toujours ambigu pourtant.
21 pornographies de Mette Ingvartsen , vu le 23 mars 2018 au Centre Georges Pompidou
jusqu'au 24 mars
Guy