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dalila khatir

  • Latifa Laabissi à l'âge de pierre

    C'est le spectacle de trop, après deux ou trois dans le même sens, à la fin d'une année qui n'en finit jamais. On a pas vraiment envie d'en dire du mal, tellement c'est désarmant. Dans un sens, bon enfant.

    Latifa Laâbissi par Laurent Paillier.jpg

     

    Mais si vain, pourtant. Question cohérence, rien à dire non plus: des variations surtout sur le même thème: celui des origines. Donc la préhistoire, le commencement, la genèse, etc... sous divers angles fictionnels: l'obscurité originelle puis habitée par le verbe (des cris primaux plutôt), une Eve nue à la pomme, les jeux innocents d'un enfant  sur la scène, les hommes préhistoriques dans leurs oeuvres, en peaux de bête façon "Les trois Ages" de Buster Keaton (référence revendiquée)...et quelques digressions (La marseillaise, une histoire de chevalier...) dont le rapport avec le reste est moins évident. Tout est parlé, posé, mimé. Pourquoi s'ennuie-t-on? Paradoxalement, ce n'est peut-être pas durant le premier quart d'heure, qui s'installe sans complexes dans le noir le plus complet, que l'on s'ennuie vraiment. Cette situation nous suggère au moins une réponse acceptable à la question de Saint Augustin (qui était africain): que faisait Dieu avant la création du monde?  Rien. Pas de réaction officielle de la part des deux religieuses assises au dernier rang (Leur présence constituant l'évènement le plus surprenant de la soirée). On entend dans le noir de la scène des cris qui amusent un peu, intriguent surtout. La lumière se fait brusquement...sur un plateau déserté. Pied de nez! 

    Mais dans la salle l'impatience est palpable, bien que retenue. On s'en voudrait de punir les audaces trop hâtivement. N'empêche. De scénettes en scénettes, l'intérêt se transforme en indulgence, l'ennui en attente. On en arrive, soulagé, jusqu'à rire ensuite avec des histoires d'accent belge ou nord-africain, de pipi et de poils sous les bras- l'humour heureusement joue plus fin par moments. On se console avec celà, faute de mieux, et avec un peu de fantaisie bienvenue. Car la construction est hachée, faite de juxtapositions. Laisse une impression laborieuse, heurtée. Cela ne tient pas à un manque de moyens, à un temps insuffisant qui aurait été consacré au travail- bien que l'absence d'Yves-Noël Genod, qui était annoncé, laisse supposer que le projet a connu des contrariétés.... Les élements paraissent achevés: L'installation de Nadia Lauro est pensée-une forêt de bandes de papier qui tombent du plafond. Le travail vocal est abouti.

    Ce qui nous gêne tient au parti pris (et pris par beaucoup d'autres) de la chorégraphe: montrer des situations, bout à bout, et faire du tout une proposition. Pour quelle demonstration? Latifa Laâbissi n'est pas plus sociologue que ne l'est Marcela Levi. A quoi tient au fond notre insatisfaction? C'est que la danse, en tant que mouvement, fait ici défaut, cruellement. Le moment où l'enfant vient danser, maladroitement, est le plus touchant. Il vient comme un soulagement. La danse nous manque, en ce qu'elle nous permettrait de nous abandonner entier, sans précautions, à l'abstrait, pour revenir nourrir d'intensité le concret. Quelque soit le sujet abordé. On ne veut pas parler par là de joliesse de ballet classique, mais de gestes justes simplement, et inutiles absolument. Même si l'on doit avouer que c'est ainsi en donner une définition très lache. Ne reste ici, à l'inverse, qu'une proposition apte à ravir les critiques, les commentateurs. Une proposition dont les matériaux anecdotiques peuvent se prêter à tous les développements et constructions. Une proposition qui est d'autant moins faite pour les spectateurs. 

    C'était Histoire par celui qui la raconte , par Latifa Laâbissi, avec Latifa Laâbissi, Jessica Batut, Siméon, Fouassier, Robert Steijn, scénographie de Nadia Lauro, travail vocal de Dalila Khatir. Au Centre Georges Pompidou, avec le Festival d'Automne à Paris.

    Guy

    Lire aussi Le tadorne, et Libération.

    Photo par Laurent Paillier, avec son aimable autorisation.

  • Herman et Dalila

    Erika Zueneli, nous avait invité, il y a peu, à passer de l'autre coté du cadre avec Edward Hooper. C'est bien plus loin dans lemedium_Samson_and_Delilah_by_Rubens.jpg passé que nous devions remonter avec Herman Diephuis, pour y rencontrer Rubens et Jordaens, à en croire le programme.

    Il ne faut jamais lire les programmes. Ni les dossiers de presse. Ni la presse qui recopie les dossiers.

    Peut-être une fausse piste, cette promenade du coté des primitifs flamands, entrevus le temps de quelques poses dans un clair obscur distancié. Juste un prétexte, une judicieuse inspiration, un point de départ stimulant. Les personnages dès qu'ils s'échappent du tableau, n'en font qu'à leur tête. Dalila surtout, car Samson est un pantin, yeux gagnés par une panique muette, un jouet de chair et caoutchouc manipulé avec gourmandise et  affection par cette femme au corps de matrone. Un corps tel que celui de Dalila Khatir, on en voit rarement sur une scène de danse: le résultat est passionnant, et ceci écrit sans la moindre complaisance. De même qu'on l'entend rarement dans ces mêmes lieux une voix comme la sienne, à nous guérir de notre allergie au lyrique. Coté danse, la répétition des enchaînements se fait commentaire ironique- mais pourquoi le public de la danse ne s'autorise-t-il à rire que très prudemment? Le tout est aussi intelligent et froidement drôle que les dernières performances de Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna. Surtout totalement imprévisible, ce qui n'est pas si fréquent que cela, ouvert et surprenant du début à la fin.

    Cette conclusion, l'ancien testament (livre des juges, chapitre 16) ne nous donnera aucune clé pour la comprendre, tant mieux. Pas de tonte, ni de colonnes qui s'écroulent, mais simplement la plus tendre, la plus originale, la plus délicate des mises à nus que l'on se souvient avoir vu.     

    C'était "Dalila et Samson, par exemple" -♥-de et avec Herman Diephuis, avec Dalila Khatir aussi, dans le cadre du festival Artdanthe au Vanves theatre,où on se sent si bien qu'on voudrait s'y installer discrètement dans un coin, jusqu'à fin Mars au moins.

    Guy

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