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Cecilia Bengolea et François Chaignaud : montrer.

Peut on essayer d’oublier tout ce qu’avant on a lu à propos de Pâquerette, toutes attentes tues, curiosité remise à neuf?

 

pâquerette par Alain monot.jpg

 

Cecilia Bengolea et François Chaignaud doivent être satisfaits du buzz, et de la salle pleine à craquer. Avertis des risques aussi. Déjà présents sur la scène à notre arrivée, ils désamorcent. Familiers, chuchotent entre eux sourire aux lèvres, lancent un clin d’œil aux copines du premier rang. Parés de robes chatoyantes, elle yeux de biche, lui blond angélique, les genres sexuels convergent.
 

Quand les deux danseurs glissent enfin dans le jeu, c’est par délicates suggestions: yeux vagues, râles étouffés, expressions de doigts de pied. Ces manifestations finissent vite par déraper, en sifflements de cocotte minute, interactions nerveuses et tremblements pâmés. Déjà on ne peut plus feindre d’ignorer ce que l’on sait: on sait qu’ils savent qu’on sait ce qui les tend. L’obscène- à la lettre- est hors de vue. La performance se concentre dans cette connivence. Avec des sensations sans sensationnalisme: le public est bon enfant, quelques rires réprimés. C’est joyeux et libérateur. Le spectacle pourrait tout autant se refermer sur cette première partie, homogène et bien maîtrisée, symptômes en pleine lumière et causes occultées.

 

Puis les robes tombent, et les enjeux se déplacent.

On savait: maintenant on voit. Constat immédiat : ils sont mignons, pas scandaleux. On consacre un instant à apprécier l’audace de la démarche: aucune raison que la danse s'interdise de telles explorations. L’instant suivant on admet que montrer c’est dédramatiser. Voire desérotiser. Par cette simple démonstration le projet se justifie. La suite, c’est de la danse. Sous contrainte: les deux danseurs s’efforcent de conserver inchangée leur relation avec les objets, quitte à ce que l’équilibrisme fasse passer au second plan l'expression du plaisir. C’est une danse honnête, à tous points de vues, d’une poésie fraîche. Qui n'ouvre pas sur de grandes révélations, chacun jugera selon ses attentes. Ils sont beaux et fragiles, généreux et drôles, des statues nues dans un jardin d’hiver, avec quelque chose en plus.

Mais après Pâquerette, que peuvent ils bien faire ? Sans doute tout autre chose…

 

C'était Pâquerette, de et avec Cecilia Bengolea et François Chaignaud, dans le cadre du festival innacoutumés à la Ménagerie de Verre.

 

A lire: le Tadorne, et bientôt Images de danse.

Et un point de vue moraliste, dans Le Monde.

 

Guy

 

photo par Alain Monot, avec l'aimable autorisation de la Ménagerie de Verre.

 

Paquerette fleurit au Dansoir mercredi 4 fevrier, et à Ardanthé le vendredi 20 fevrier

Commentaires

  • merci de me faire lire enfin une réflexion sensée sur ce spectacle contrairement à la critique navrante du monde ! rabattant un peu son caquet au puritanisme ambiant ! j'était assis à vos côtés pour le spectacle Self&others de Buffard et si j'avais su je vous aurais félicité de vive voix ! merci

  • si cela vous intéresse : http://www.davidnoir.com

  • Merci...
    Si vous m'identifiez la prochaine fois, n'hésitez pas à rentrer en contact!
    Et nous avons peut-être cotoyé Miss Knife:
    http://spectateur-turbulent.blogspot.com/2008/12/une-pte-qui-ne-prend-qu-moiti.html

    P.S. : j'ai survolé le site de David Noir: ça décoiffe!

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