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Baffes et gnons

Adire vrai, Courteline, je m’en fiche un peu. Ce que j’aime ce soir est dans le jeu, cette énergie offerte même pour six spectateurs- c’est jour de grève des transports- dans la mini-salle de l'Aktéon. J’aime aussi voir osée ici une esthétique passée de mode: des airs de jazz chantés en vocalese façon Mimi Perrin, des clowns qui s’assument, des mimes et mimiques, des gags, claques et répliques réglés comme du papier à musique. Ce burlesque n’a pas dit son dernier mot, fait feu de tout bois jusqu’au jet de tartes à la crème, lance des clins d’œil au cinéma muet. Et j’aime qu’on se fatigue à réussir ce soir à me faire rire, sans trop me charger d’autres considérations. Je prends ça comme une marque de respect et une preuve de générosité. Pas de message asséné ni de démonstration obligée- si ce n’est quelques échappées douces amères à propos de la condition d’artiste- mais une ronde de personnages en situations grotesques : flics, quidams, mauvais garçons, bourgeois, tous libérés des lourdeurs de la dialectique distanciée…. Je goute comme à un sursis. Encore qu’à y réfléchir… Cela n’a été depuis une heure rageuse qu’invectives, injures, gnons, baffes, torgnoles, bourrades, crocs en jambes, corrections en musique et coups de bâtons en accéléré, entre voyageur et receveur mal embouché, prisonniers et matons, mégère et époux grognon. Avec en exergue cette citation féroce de l’auteur: « Je ne connais pas de spectacle plus sain et d’un comique plus réconfortant qu’un monsieur recevant de main de maitre une beigne qu’il avait cherché ». Cette violence tout azimut et tout public nous fait rire sans nous choquer, c'est stupéfiant mais c'est ainsi. Elle appartient tellement à la tradition du théâtre qu’on ne peut spécialement y voir d’allusion à l’actualité. Est-ce à méditer? On sort. Pour le moment tout va bien dehors.

C'était Entre les lignes (de Courteline) par la compagnie pansdarts, m.e.s. Gersende May, à l'Aktéon.

Guy

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