Le théatre devrait toujours nous prendre et nous surprendre comme ceci, toute la vie concentrée en 1H15. Nos destins incertains ou celui de Peer Gynt d'Ibsen, ce dernier propulsé en quelques étourdissantes ellipses de l'état de jeune fanfaron à celui de vieil homme à l'heure de rendre des comptes, et sans avoir compris comment. Ce théatre vécu de tout près, qui bondit, rit, crie et pleure, déblase en quelques instants. Etre Peer à fond, transposé dans cette Norvège des légendes populaires, avec les trolls- mais rock and roll -et le diable au bout du chemin.
Peer Gint court et vole sans boussole, de désirs en impostures et d'audaces en hésitations, entre et sort en quatrième vitesse, passe du comique à l'épique, du tendre au truculent. Les sept acteurs bondissent de rôles en rôles et de costumes en costumes, font d'une bâche une mer déchainée et batissent une montagne avec des bouts de carton. Ils créent ensemble une généreuse machine théatrale à émerveiller jusqu'aux plus jeunes, dans le même temps nous tendent un miroir pour mieux y voir nos vies en exagéré, tous perdus entre amour, ambitions et inachevement, imparfaits comme des boutons à refondre dans le grand chaudron. En une fable drôle et cruelle, la condition humaine.
C'était les Aventures de Peer Gynt, d'aprés Ibsen, mis en scène par Yaël Bacry, vu à Anis Gras à Arcueil, ce samedi encore.
photo avec l'aimable autorisaton de Yael Bacry
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