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Quand j'entends le mot culture,...

Colt python 357 Magnum, carabine a bascule à air comprimé Gamo, Glock 17, Beretta 75 auto KWV, Kalashnikov AK 47, Smith and Wesson 45, alarme portable Prévenson, Taser TW11, bombes lacrymogènes, pistolets jouets à amorce et à bouchon, Sophie la girafe (?), rubboards, plaques tonnerres, sifflets de police, appeaux d'oiseaux, corne de brumes... ce sont quelques-uns parmi la trentaine d'instruments non conventionnels et plutôt menaçants maniés par les musiciens de la création chorégraphique de Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, Ne pas toucher aux oeuvres.

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Pour autant, personne ne peut être vraiment surpris: programmes et dossiers de presse annoncent la couleur. La stratégie d'annonce et de promotion de l'oeuvre met en avant des visuels intrigants et explicites sur ce point: les musiciens mettront en joue autant qu'en jeu les danseurs. Le teasing est efficace, le sujet annoncé fort, et du coup les attentes de beaucoup de spectateurs d'ors et déja aiguisées vers une politisation de l'exposé, vers de potentielles allégories de la situation précaire des artistes dans un environnement hostile...

Qu'est il fait de ces attentes? La seule que je me suis moi-même autorisée à s'exprimer n'est pas déçue: la pièce-même si l'idée de départ est un peu déflorée par le teasing- dépasse en originalité d'approche et créativité la grande majorité de ce qu'on peut voir sur scène. C'était déja le cas avec Une Piece Mécanique,et les deux propositions ont aussi ceci en commun de remettre en question l'acte de danser: les interprêtes y sont chaque fois placés dans des situations incertaines. Hier contraints de retrouver leur place au milieu des robots en mouvement, ce soir confrontés à des musiciens armés. La danse chaque fois non seulement y survit, mais s'adapte et s'y développe de manière innattendue, par des correspondances inédites avec les composantes du contexte.

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En commençant par déjouer les attentes trop évidentes. Si les quatre musiciens prennent place d'abord, occupent le terrain martialement, ce sont ensuite les cinq danseurs-parmi lesquels je reconnait Sophie Demeyer- qui commandent de leur gestes les premieres mesures de la musique. Le rapport conventionnel musique/danse ainsi inversé, aussi le rapport persecuteurs/victimes auxquel on aurait pu s'attendre. Tout évoluera de manière ambigue et surprenante, de ces interactions visuelles et sonores entre les deux camps en présence. Oppositions vestimentaires également, entre les musiciens habillés stricts et les danseurs en jean et T-shirt, inversion ponctuelles des rôles par mise en mouvement des musiciens ou appropriation de percussions par les danseurs. On devine, suggérées avec humour à froid, des stratégies complexes, sacrifices offerts et provocations, actions et réactions, regards lourds de sens, rapports de force, toujours incertains et souvent renversés, de suggestion, violence seduction, manipulation...

Si ce plaisir interprétatif est intellectuel, j'en goute un autre plus esthétique et sensuel, celui liée à la pure musique. Celle-ci est bien sur essentiellement percussive, se joue des contraintes du choix des instruments, garde puissance et expressivité, sur un registre qui s'étend du claquement discret aux détonations plus franches. Toutes les cartouches ne sont pas grillées dés le début, des surprises réservées jusqu'à la fin dans l'utilisation des objets. Les musiciens devant leurs partitions, veillent avec leurs armes à l'exécution de l'oeuvre musicale autant que celle des danseurs. Ou est ce un effet dramatique de mise en scène, cette précision représentée avec beaucoup d'ostensation pour nous faire imaginer par opposition la fiction d'une danse plus libre, laissée à l'initiative de de corps qui ruseraient et s'affirmeraient par rapport à ce cadre rigide? En revanche mon intérêt se laisse distraire aux moments où la musique laisse du répit et la danse livrée à elle-même, moments me paraissant vagues et répétitifs, d'enlevage de vêtements. et ré-habillages. Un troisième niveau m'échappe, mais sans doute sans dommages: de savantes références, musicales et chorégraphiques. Pour moi la jubilation l'emporte pourtant, même si je commets l'erreur de discuter immédiatement à la sortie avec d'autres spectateurs plus réservés, et déçus dans leur attentes, qui auraient préféré une oeuvre plus affirmée dans sa signification. Je dois leur concéder que malgré les armes manipulées ce soir il y a plus de bruit que de danger. Nous avons été prudemment avertis de nous boucher les oreilles si nécéssaire, et aucun spectateur n'a été bléssé durant le spectacle.

C'était Ne pas toucher aux oeuvres.Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, création musicale de Francesco Filidei, à l' Auditorium Saint Germain, en ouverture du festival Faits d'hiver.

Guy

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photo (Pierre Cottreau) avant l'aimable autorisation de la compagnie)

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