Revolver, corde, matraque, poignard, chandelier, clé (évidemment) anglaise... Sur scène c’est toute l'artificialité glacée d'énigmes sans réponses possibles, jouées au milieu de nowhere par des personnages vêtus tout de noir et blancs, inexistants, dans un univers U.K. absurde et désincarné tels que ceux théorisés par François Rivière. Comme dans un théâtre de marionnettes…paradoxalement très vivantes: le texte blanc d'Ionesco se laisse traverser de terribles éclats et éclairs, cette belle troupe s’y connait en humour noir. Les corps sans causes dansent et se révoltent, tendus comme des arcs, drôles et terrifiants, avec des silences lourds et des regards féroces, d’inexplicables colères. La logique est hachée menue par le nonsense, la conscience de soi et celle des autres réduite au néant, les mots vides mais les voix pleines, en couleurs. Chaque instant d'absurdité est ce soir habité avec une exceptionnelle intensité: c’est qu’il faut vivre quand même!
C'était la Cantatrice Chauve d'Eugene Ionesco, par la compagnie InfraKtus à l'Aktéon pour encore plus trop longtemps.