Juste d'abord un ou deux morceaux pour chauffer les oreilles, apres au tour des pieds... La tête loin des grisailles d'ici, dans une cité mythique, port où débarquent et copulent toutes les musiques-sublimée la vraie citée meurtrie dont ce même orchestre avait pleuré les blessures d'aprés Katerina dans une grave relecture de "What's going on". Ce soir rien que de la joie, normal pour une fanfare issue de la tradition des cortèges d'enterrements, en deux temps et trois mesures plus de vie qu'en une heure de l'orchestre trés savant de la première partie. Le marching band des débuts d'il y a 30 ans s'est coulé dans l'espace de la scène, une batterie assise malgré l'impatience a remplacé la caisse claire et la grosse caisse jouées debout à la main, une guitare vient colorer les harmonies de funk et de blues électrique, la rondeur et la souplesse de la colossale basse à vent ancre le son en arrière et le rythme en avant. Les vétérans bedonnants et en survet trompent leur monde , font front devant, deux sax et deux trompettes. Il jouent dirty et à pleines dents, à leur tour de nous faire tous lever, sauter en l'air, nous apprendre à défiler de manière tout sauf militaire, à coup de riffs déchirés par des contre-chants insensés et soli généreux. D'abord un bref tour de parade improvisé collectivement dans les rues de la Nouvelle Orléans, juste le temps d'un hommage aux temps d'Armstrong, ensuite un détour calypso destination caraîbes au large. Puis il est temps de mettre un peu de free dans le dixiland, sans hésiter à mélanger les genres, par fusion dans le chaudron bouillant de la great black music, du be-bop au hip-hop, avec James Brown, les Rolling Stone et les Meters. Sans peur de surjouer, entre suraigus de ténor et eructations de baryton, toujours au bord de dissonner, l'exces exubérant. Les dirty old men font monter malicieux les jolies filles sur scène pour danser, veillent qu'en bas la température ne cesse de monter. Le bonheur, c'est de pouvoir faire des trucs idiots pendant une heure, beugler Fire on the Bayou, sauter trés haut, lever les bras, avec eux, nos pieds ne peuvent nous tromper... Do the mokey.
C'était le Dirty Dozen Brass Band, (Roger Lewis - Saxophone Baryton ; Efrem Towns – Trompette, voix ; Kevin Harris – Saxophone ténor, voix ; Gregory Davis – Trompette, Voix ; Jake Eckert – Guitare, Voix ; Michael Foster – Sousaphone ; Terence Higgins – Batterie, Voix), à l'Espace Prevert d'Aulnay sous bois, dans le cadre du festival banlieues bleues.
Guy