Tout semble hors de contrôle et c’est plutôt intrigant, cela donne envie de travailler plus son attention pour organiser un sens à tous les actes proposés çà et là, les recoller. David Noir s’affaire, stimule ses performeurs amateurs à coups de musique, de lumières et d’images: toiles de maitre, photos d’histoire et d’actualité. Il les harangue sans violence. Sans les diriger. Son mantra est de laisser venir, ne pas mentir: pas évident. A nous (spectateurs?) il explique, en faisant rallumer les lumières, nous faisons déjà aussi partie de ce processus, qu’il n’existe plus dans cet espace du Générateur de murs qui se dresseraient entre les uns et les autres, pas de différences. Trois jeunes femmes lui donnent raison en se levant, et s’offrent, nous offrent, du mouvement. Que peut-il naitre d’états particuliers et d’interactions, sans convention ni discipline? Il y a des micros. Les paroles tentent mais les révoltes retombent, les dialogues s’alourdissent de malentendus. Les corps s’avèrent plus sincères, plus parlants. Je vois comme une mer qui dort et sur laquelle parfois se lève une bourrasque qui me décoiffe. L’improvisation se libère quand volent quelques chemises et culottes. Mais mon heure n’est pas venue de me jeter dans la bataille pour danser à poil, un jour peut-être.
Le lendemain l’ambiance est clair-obscur, plus feutrée, partout des feuilles et des crayons. Trois beaux modèles féminins sont. Cette fois la proposition est de les dessiner. Les spectateurs et artistes semblent d’inégale productivité. Je tente. Le trait trahit, les doigts ne courent pas comme le regard et la pensée. L’esprit encore dans la lecture du livre de Numa Sadoul avec Jean Giraud, je rêve à l’épure de ses dessins. Comment évoquer, le trouble d’une pose, la plénitude d’une courbe, l’idée de perfection? Le rapport incertain avec un corps conscient d’être scruté? Qu’exprime-t-il, ce corps, immobile, dans des rapports subtils avec les lumières, avec les images vidéos, et quand en me déplaçant je change la perspective? Comment dire la tension ou l’abandon, de lentes mutations, la surprise d’actions soudaines. Même les mots peinent. Renoncer et juste regarder? Sur une table il y a de la terre glaise, j’en reviens aux petits personnages des ateliers de mon enfance. Je sculpte des seins. Mais peut-être l’art est-il né ainsi?
Iconicum- performance animée par David Noir, Bodyin, le corps d’Alice de Sarah Cassenti au les 10 et 11 octobre au Genérateur de Gentilly dans le cadre de Frasq,
Guy
Frasq continue le 17 octobre avec les 24 heures de la performance.