Jesus died for somedy’s sins… but not mine, ainsi Patti Smith entame-t-elle Gloria (in Excelsis Deo), la première des chansons du concert. Pas de surprise pour les fidèles, la cérémonie après cette première profession de foi est célébrée dans l’ordre attendu: celui de l’album Horses en intégralité. Les journalistes en panne d’imagination qualifient Patti Smith de grande prêtresse du rock. L’expression est galvaudée, mais il y a un fond de vérité. La transe, celle qui vient du gospel, est à l’œuvre ce soir, avec un autre vocabulaire musical. La chanteuse porte son discours d’une voix rauque de preacher, sa gestuelle évoque la possession ou d’incarnation, d’exhortations en appels, avec la conscience partagée de porter quelque chose de plus fort qu’elle. Quelque chose comme une spiritualité sans religion, un humanisme écorché. « Je t’aime » nous dit-elle en français. L’essentiel est dit, le reste pourrait être scandé et chanté autant en latin qu’en anglais, elle touche au cœur. Elle parle non de Dieu mais de l’homme, d’amour et de douleur, d’espoir et de deuil, récite dans Elegie la litanie des disparus de Joplin à Mapplethorpes, raconte (break it up) comment Jim Morrison lui apparut en rêve. Il est moins question ce soir de la vie des saints-comme François d’Assise qu’elle affectionne- mais des appels à se lever et se révolter (people have the power) pour les gens, pour la terre, contre la guerre. Avant que nous partions en paix, elle offre en sacrifice les cordes de sa Gibson. Je crois en Patti Smith.
Patti Smith et son groupe jouent Horses et plus, à l’Olympia le 21 octobre.
Guy
Commentaires
Lire 'Just kids' le livre autobiographique de Patti Smith qui retrace son amitié hors normes avec Mapplethorpe. Rarement lu un livre aussi émouvant.