Certains d'entre nous sont allongés dans la mezzanine, s'essaient à la sieste ou à la transmission de pensée. D'autres, dans la pièce plus bas, épluchent très lentement des mandarines, concentrés. D'autres réjouis se déguisent dans l'entrée, ou manipulent bijoux et bougies dans la salle de bain. Tous en jeu, en groupes ludiques, dans ces espaces de vie vaguement organisés. La performeuse canadienne Winnie SuperHova qui a lancé les libres consignes se transforme elle même en œuvre, agit et interagit avec une grande feuille blanche, du marc de café et autres matières colorées. La vie sans paroles, ni sens dit d'avance. Eno plane autour de nos oreilles, sans s'imposer. Des rires fusent et d'autres participants ne peuvent résister, se joignent à cette fête improvisée, se colorent. Luna Paese, elle aussi, tente de faire de nous qui nous connaissons peu entre nous une communauté. Cela passe sans doute part l'abandon du spectaculaire au profit de la simplicité, du minimum qui est partagé: accepter d'arborer un signe commun qui nous rassemble, réagir ensemble mais chacun à sa façon à un hymne rock, improviser ensemble une œuvre à coup de colle, de journaux et de ciseaux, comme quand à la petite école on apprend à socialiser. Pour un moment, laisser les barrières tomber.
C'était une soirée du Petit Festival, le 29 janvier chez Joäo Costa Espinho.
Guy