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aurelie berland

  • Ici, là et ailleurs

    Sont ici présentées deux pièces en simultané, une pour les oreilles, l’autre pour les yeux. Assister juste à l’une ou juste à l’autre de ces pièces serait déjà non dénué d’intérêt. Mais c’est leur juxtaposition volontaire en ce lieu, cette rencontre sans guère plus d’explication, loin des évidences, qui me mets aux aguets, ouvre les sens et la réflexion.

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    Je vois ce duo féminin, les danseuses elles-mêmes jouent à un peu se déphaser l’une de l’autre. J’entends un reportage radio, la tranche de vie de deux ambulanciers qui procèdent à l’hospitalisation d’office d’une vieille femme. Ici, là, quoi de commun? Ici entendre l’histoire d’une femme prisonnière d’une folie légère, qui s’évade en dedans en fredonnant, pour bientôt perdre sa liberté, hors de la société. Pour être protégée ? Voir là les danseuses dessiner des figures résolument affranchies de toute représentation de la vie, de toute utilité première, de toute convention. On entend les voix des personnages d’une histoire vraie, et l’on voit une danse qui s’abstrait de toute narration. Deux corps qui doucement rassemblent et brassent l’invisible sur des rythmes souples, en légères torsions. Le concret s’entend, invisible mais comme écrit d’avance, les jeunes danseuses sont absolument vraies et évoluent tout prêt de nous-le public assis, des deux cotés, sur le tapis-  mais leurs visages sont absents et leurs gestes surprenants. Nous sommes venus accepter leur mystère, que personne ici ne qualifiera de folie. La vieille femme s’évade, entouré de sollicitude par les ambulanciers. Converge des deux cotés la même rêverie ancrée au cœur d’un inexorable quotidien. Je me surprends à imaginer les danseuses au plus profond de l'imagination de la vieille dame, et l’inverse tout autant.

    C’était Une chanson douce  d’Aurelie Berland  avec Claire Malchrowicz et Pauline Vautrin sur le documentaire  « Dans l’ambulance » de Claire Hauter, présenté à Micadanses dans le cadre de la soirée CNSMDP.

    photo de Begum Lerot avec l'aimable autorisation d'Aurelie Berland