Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

eric arnal burtschy

  • Féline

    Née d’un chant, aux aguets (venue d’où ?), elle rôde. Elle tient l’espace d’une ligne à l’autre, glisse et fraie, et nous flaire, pas si farouche, en rencontres feutrées mais abruptes. Nous les spectateurs l’entourons sans l’emprisonner, tolérés. Sa sauvagerie affleure sous la peau: des os, des muscles, les mouvements ne semblent pas pensés.  Son corps ondule, son masque noir absorbe toute lumière, et humanité. Elle ne nous effraie plus mais fascine. Le récit est liquide, la musique ondule comme un décor de jungle, en  notes tenues, autour de son corps tendu. Au zoo de Vincennes, on ne reste pas plus que quelques minutes regarder tourner les grands fauves, mais il nous faut ce soir nous laisser aller. Ce soir importe plus le tableau que le geste, une invitation à redevenir premier.

    danse,artdanthe,eric arnal burtschy

    Ciguë d’Eric Arnal Burtschy vu le 26 mars (et en répétition) au théâtre de Vanves avec le festival Artdanthé.

    Guy

    Photographie de Laurent Paillier avec l'aimable autorisation de la compagnie

     

  • Noir, est-ce noir?

     

    danse,artdanthe,theatre de vanves,eric arnal burtschy

     

     

    Noir ce n’est pas noir (c'est argenté peut-être ?), les corps se dessinent par reflets, la matière s’efface et que reste-t-il? Les êtres? Je vis une expérience sensorielle singulière. Au commencement, l’obscurité est parfaite, tous repères dissous, aveuglés vers l'infini. C’est une mise en condition. Il est ce soir utile de renoncer à voir, désapprendre et mériter ensuite. Patience. Les danseurs se laissent juste deviner. Ils s'extraient du néant. Même plus de lumière plus loin, ils ne seront jamais vraiment révélés. Sinon en négatif au sens photographique du terme. Comme à travers un miroir, couleurs inversées. Une huile noire recouvre seule les corps, recouvre le plateau, recouvre tout. Ces corps m’apparaissent donc comme jamais, c’est-à-dire à la fois irréels et précis, leurs formes magnifiées. Une évidence oubliée revient au jour: on ne connait jamais la réalité de la matière mais ce que nous en renvoie la lumière. On croit voir la surface mais sans connaitre l’intérieur. Ils viennent donc d’ailleurs, étrangers, fascinent et inquiètent. Ils viennent d’un passé très lointain, ou de plus loin encore. Metalliques, extra-terrestres. Leurs mouvements me saisissent, et la danse n’est pas le propos. Je vois migrations et malédictions, errances. ils se dorent, glissent sur l’huile noire, spectaculaires. Est-ce une facilité? Je préfère me dire que de cet autre côté, les lois de la gravité n’ont plus court. Ni la raison. Dans cette perte d’équilibre et de contrôle, crescendo sous les flashs, je vois violence et sauvagerie, désir et impudeur, les corps luttent, se portent et se mêlent. Le recit est trouble, incertain, j'en suis presque insatisfait, mais perçois les échos d'une  histoire sous une forme que ni film ni photos ne pourraient capturer, les mots un jour peut-être. Il y a tant à faire ce soir avec l'obscurité et ces corps qui y sont livrés, et pour nous tant à deviner. Je vois cette pièce comme un commencement.

     

    danse,artdanthe,theatre de vanves,eric arnal burtschy

     

    C’était Bouncing Universe in a Bulk d’Eric Arnal Burtschy, au théâtre de Vanves dans le cadre d’Artdanthé

    Guy

    Photos de Laurent Pailler avec l'aimable autorisation du théatre de Vanves