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La Zampa en Apnée

Nicolas, de Marseille, nous a accompagné dans La Tombe du plongeur

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Le titre est à lui seul une promesse. La promesse de voir et de vivre une performance de danse toute en tension. Le plongeur est à la fois l’homme qui se jette dans le vide et celui qui nage sous l’eau: la respiration se bloque, puis l’apnée, la chute, l’angoisse, la mort. Le matériau est là, brut, à porté des danseurs qui voudront bien l’aspirer, comme on aspire en remontant à la surface une bouffée d’air qui va réanimer tout le corps. La vie et le sang affluent à nouveau, le cœur reprend sa course, la danse peut commencer… Des bruits de coups, d'un corps qui tombe, l’obscurité, lentement, presque imperceptiblement s’évanouie pour nous laisser gêné et mal à l’aise face à cet homme tabassé à mort. Le but est clair et tout le monde comprend où l’on veut nous emmener. L’homme va mourir, il est le plongeur. Lui est gracieux, sa danse est saccadée, violente, parfois sensuelle, jamais vulgaire. Elle, sa partenaire, est plus abrupte, plus prévisible. Sur la scène des écrans viennent, sous la forme de montages video, attirer notre œil. Ces scènes courtes de plongeons, passées et repassées, parfois à l’envers, donnent du rythme, et aussi la musique. Durant le spectacle de multiples idées sont là, les images projetées sur les murs nous suggèrent une sensation étrange d’isolement. Nous sommes dans une grotte et ces images sont le reflet des lumières que la surface de l’eau projette sur les parois. Nous sommes à l’intérieur, nous descendons. La danse revient dans un jaillissement de lumière, aveuglante, notre danseur court seul au milieu de la pièce, sur place, les lumières éclatent, disparaissent, reviennent, le bruit. Je me souviens encore de tambours, d’une tombe renversée, de danse, de bruit, d’images, de tambours, d’une tombe renversée, plus de danse, plus rien, je ne me souviens plus. Je sors, je suis à l’extérieur, je remonte. La performance se termine, les gens applaudissent.

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Le tout est très esthétique peut-être trop, à vouloir marquer l’œil on en oublie d’imprimer le cœur. Je reste à la limite, à la surface. Parfois trop explicite, parfois inutile, la mise en scène est comme le reste, un peu lointaine, un peu prévisible. Sans non plus tomber dans le pathos ni le sentimentalisme, l’ensemble reste cohérent et rythmé. Esthétique mais loin, trop loin de l’essentiel et les quelques moments de grâce ne suffisent pas à faire un spectacle complet et aboutit. Une œuvre prometteuse.

C'était La Tombe du Plongeur, de Magali Milian et Romuald Luydlin (La Zampa) , au Nouveau Théatre de Montreuil, avec les rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint Denis

Nicolas

photo par Erik Damiano avec l'aimable autorisation de La Zampa

Commentaires

  • Merci Nicolas, c'est bien de se reposer de temps en temps quand les autres écrivent. Quand même une interrogation : tu es plus sévère dans ta conclusion que l’on s’y attendrait après t’avoir lu au cœur de ton immersion…C’est vrai, tout semble technique, hyper-pensé, sur-travaillé- au détriment de l’émotion ?- on est moins impressionné par le tabassage en règle qui ouvre le spectacle que par les poubelles qui brûlent dans les rues de Montreuil quand on sort du théâtre (enfin juste ce soir en particulier !). Personne ne part indigné de la salle durant ce début, ni après: c’est symptomatique. On voit sexes, sang, violence…et avant tout on retient le (très beau) travail sur la vidéo… Sommes nous blasés, ou est ce une pièce de maturité ? Sûrement d’après les souvenirs que j’ai de deux performances antérieures de la Zampa. Plus brutes. Leur projet semble aujourd’hui de déformer nos perceptions, c’est vrai qu’ils courent par là le risque de nous laisser trop à distance. On en reparlera tranquillement quand on sera morts, mais quand même j’ai été touché par cette vision d’un purgatoire ou d’un enfer, d’un entre-deux en tous cas, où les corps et les réalités s’affaissent et se confondent, où le mouvement de Romuald Luydlin semble rembobiné jusqu’à la démence, où Magali Milian saigne noir, son corps nu après projeté en belles abstractions sur le sarcophage aux images.

  • A titre d'information, ce spectacle est à l'affiche du festival de Marseille les 21 et 22 juin au Studio Kelemenis. Le Tadorne ira.

  • Et "La Zampa" m'écrit pour préciser que (pour des raisons techniques) c'est seulement la première partie de "La Tombe du Plongeur" qui sera présentée au Studio Kelemis. Tu ne verras donc pas tout cette fois...mais pour te consoler il y aura une rencontre avec l'équipe.

  • Grosse fatigue après UZES DANSE! Je ne suis finalement pas allé à Marseille. En plus, je n'aime pas les rencontres avec les artistes!!

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