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Bruno Geslin: La Chair est Triste

Mon cher Pascal

Je ne te dis pas merci.

Rassure toi, je te t'écris pas du train, mais du Parc Montsouris. Donc: tu sais que nous avons rarement l'occasion d'aller voir des spectacles ensemble. Déja, la dernière fois à Marseille, le Brecht que tu avais choisi n'était pas inoubliable. Hier, Kiss Me Quick m'a endormi. Je sais bien que tout l'intérêt du jeu est de prendre des risques, mais désolé, je crois que c'est toi qui porte la poisse...  Dedans, Dehors, David  vu vendredi en compagnie de notre amie Sarah, c'était beaucoup mieux (Ce préambule est aussi un pretexte pour rappeler que nous nous sommes tous réunis au TCI hier, on en reparlera plus tard). Et pourtant tu trouves bien en PACA (tout le temps et quand je n'y suis pas) des spectacles passionnants! Mais je ne t'en veux pas, on essaiera de faire mieux la prochaine fois.

Pour en revenir à hier à la Bastille, c'etait un gâchis. Pas besoin d'aller chercher loin les explications, l'idée de départ était périlleuse. Adapter à la scène des interviews de strip-teaseuses, ça n'était pas gagné. C'est dommage car beaucoup de soin était consacré à la mise en scène, à la scénographie, aux éclairages, à la vidéo, à la musique... mais le texte plombait le tout. On en revenait toujours à des confidences plates et languissantes entre deux mises à nue, pour un résultat qui n'avait pas beaucoup d'intérêt. Et lent...Le pire est que ce spectacle est de nature à nourrir les préjugés de tous ceux qui ricanent en nous disant que les pièces de théâtre contemporain ne sont que prétextes intellectuels pour montrer des seins et des fesses. Dans ce cas précis on est bien obligé de leur donner raison. Entre deux platitudes à propos de leur triste condition, ces dames nous resservent des numéros de strip-tease forain. Ne parlons pas de second degré ou de mise en perspective, c'est du cul, point final. Et comme par hasard, l'actrice la moins jeune des trois se dévoile le moins. On est exactement dans une logique de documentaire télévisé voyeur et misérabiliste: interview-vérité complaisante des pauvres travailleuses du nu, entrecoupés d'extraits d'effeuillage parce qu'il faut montrer de quoi on parle, dans un soit-disant souci informatif. Rappelle toi des sketchs de Nightshade: là au moins le thème du strip tease était traité pour ce qu'il était, la recherche artistique mise en oeuvre aboutissait à des résultats plus ou moins réussis, mais personne ne cherchait d'alibi. Et en fin de compte ce travail permettait une réflexion plus riche sur le phénomène.

Donc hier on s'est beaucoup ennuyé, et il sera également ennuyeux d'écrire chacun de notre coté la même chose, ou à peu prés. C'est quand même beaucoup plus intéressant quant nous ne sommes pas d'accord. Dans le cas de Kiss Me Quick, que peux tu écrire de très différent de ce que je viens de raconter en premier?... bon courage! Plus ennuyeux encore, si tu vas dans mon sens, cela pourrait donner l'impression que l'on se serait mis d'accord, quelle horreur! Reste un espoir, raconter à notre ami Jeromequ'il s'agit d'un spectacle de danse (en appuyant sur le coté visuel, les rapports entre strip tease et danse, et tout ce genre de chose,...), et le persuader d'aller voir, que par miracle il soit d'un avis différent. Ou, bien mieux, il y a surement des spectacteurs de Kiss Me Quick qui ont trouvé des raisons d'apprécier. Des gens ont applaudi hier. Qu'ils laissent ici des commentaires pour me prouver que j'ai tout faux!

Amitiés et bon retour sur Aix

Guy 

C'était Kiss Me Quick m.e.s par Bruno Geslin, dramaturgie et texte d'Ishem Bailey à partir d'entretiens réalisés par Susan Meiselas. Au Théatre de la Bastille avec le Festival d'Automne à Paris. Jusqu'au 17 octobre.

Commentaires

  • Mon cher Guy,
    Que sommes-nous allés faire dans cette galère ? « Kiss me quick » de Bruno Geslin est pourtant programmé au Festival d’Automne. N’est-ce pas un gage de qualité ? La critique était pourtant favorable. À l’exception notable du Monde où Brigitte Salino taille définitivement un short à une pièce déjà bien dénudée (de sens, bien sûr).
    Je te l’avoue. J’ai eu peur à l'idée que tu puisses aimer ce théâtre où l’on recycle les paroles de strip-teaseuses dans une scénographie copiée chez nos amis flamands. Et puis, si nous divergeons parfois, je crois que nous sommes en phase sur une certaine éthique du théâtre postmoderne. Nous n’aimons pas être réduit à devenir un spectateur passif à qui l’on sert une soupe réchauffée.
    Nous sommes des gastronomes.
    Je propose que la prochaine fois nous demandions conseil à Mouvement avant de partir ensemble au théâtre.
    Bien à toi
    Pascal

  • ...réduit à devenir des spectateurs passifs, voire ce samedi soir- là, des clients de peep-show: pas trés gratifiant!

    Pour éviter cela, redemandons nous sur quels critères nous choisissons les pièces que nous allons voir?
    En se reposant sur la selection des festivals ? Le festival d'Automne à Paris nous reserve d'excellent moments... mais pas toujours, la preuve!
    En suivant les prescriptions de la presse? On se plaint que de plus en plus les journalistes ne couvrent qu'une partie congrue de l'actualité des spectacles. Mais concernant "Kiss Me Quick", on aurait pu lire "Le Monde" et se méfier...ou être abusé par l'annonce favorable de "Gw. D." dans La Terrasse!
    Conclusion en forme de retour au point de départ: simplement voir par nous même et croiser les doigts, se rappeler un peu plus qu'on a commencé à créer des blogs pour parler des spectacles qui n'intéressaient plus personne!

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