Sous les dorures assoupies, dans une semi-obscurité empoussièrée, une voix gronde pour réveiller l'histoire en éructant. Cette histoire là a une odeur entétante de foutre et de sang, de pourriture et de politique. Le texte, par ce corps jeté en avant, projette les images, devient ville, devient monde grouillant. La voix rauque fait fusionner d'un "je" dans son souffle furieux trois identités: celle de l'auteur- Céline Minard-, de la comédienne- Nathalie Richard-, et du personnage- Olimpia Maidalchini ; la "papesse", âme dammée d'Innocent X. Alors que la dépouille de ce pape pourrit, Olimpia, ivre d'or et pouvoir, vomit ses torrents d'imprécations, jette sur Rome qui la rejette ses furieux blasphèmes et malédictions. En un flux outré, cru et continu, aux couleurs pourpres des robes de cardinaux, des tissus déchirés, des chairs et âmes corrompus, du vin répandu. Avant d'être balayée par le temps et damnée par l'histoire pour avoir été femme, et femme de pouvoir.
Nous restons interdits devant ces mystères du vatican, sous les fresques et boiseries d'un de ces décors où aujourd'hui le pouvoir met en scène son apparat et police ses apparences....
C'était Olimpia de Céline Minard, lu par Nathalie Richard, dans la salle du Conseil de Paris, dans le cadre de Paris en toutes lettres.