Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

nathalie richard

  • La bête est cachée

    La nouvelle d’Henry James – «La bête dans la jungle »- nous raconte la vie d’un homme-John- convaincu d’avoir un Destin. Un événement majeur, mais indéfini, devrait un jour dans sa vie survenir. On assiste à ses discussions répétées, années après années, avec une amie nommée May. Des spéculations à propos de cette survenance, plutôt de cette non survenance. Le texte donc parle d’attente. Mais la pièce elle-même devient l'attente. L’objectif est atteint, et je suis déçu. Malgré d’infinies nuances, de glissements narratifs, de suspends, de possibilités d’émotions. J’ai l’impression de voir deux acteurs, une heure durant, s’expliquer leurs personnages, en s’appelant par leurs vrais noms. Ils jouent au lieu de jouer, parlent au lieu de parler. A coté.  La bande son d’un Bunuel en arrière fond pour mieux combattre l’illusion théâtrale. Une manière pour le metteur en scène, Jan Ritsema, de dire que le vieux théâtre à personnages est mort, victime de « l’esthétique de l’émotion ». Mais ce théâtre ci, défini comme « un exercice de pensée » ne me semble guère plus vivant. La morale de l’histoire est qu’à la mort de May, John ressent peut-être mais trop tard que l’événement absent n'était d'autre que l’amour de sa confidente, une chance qu’il n’a pas saisie. Parralellement, la pièce se révéle à elle-même les 10 dernières minutes. Cette expérience théâtrale ne me révèle pas le sens de la vie, au moins ne me prend- elle à moi qu’une heure. Dans ce parfait exercice de distance et d’assèchement Nathalie Richard et Gérard Watkins se montrent admirables de subtilité, souvent drôles, et c’est à peu près inutile. Et le tout est d’une terrible fidélité au texte d’Henry James, dont la grande valeur littéraire tient, parait-il, pour beaucoup à son insaisissabilité.

    C’était ça, de Jan Ritsema, d’après La Bête dans la jungle de Henry James, au Théâtre de la Cité Internationale jusqu’au 10 décembre.

    Guy

  • Olimpia, Stupre et fureur à l'Hotel de Ville

    Sous les dorures assoupies, dans une semi-obscurité empoussièrée, une voix gronde pour réveiller l'histoire en éructant. Cette histoire là a une odeur entétante de foutre et de sang, de pourriture et de politique. Le texte, par ce corps jeté en avant, projette les images, devient ville, devient monde grouillant. La voix rauque fait fusionner d'un "je" dans son souffle furieux trois identités: celle de l'auteur- Céline Minard-, de la comédienne- Nathalie Richard-, et du personnage- Olimpia Maidalchini ; la "papesse", âme dammée d'Innocent X. Alors que la dépouille de ce pape pourrit, Olimpia, ivre d'or et pouvoir, vomit ses torrents d'imprécations, jette sur Rome qui la rejette ses furieux blasphèmes et malédictions. En un flux outré, cru et continu, aux couleurs pourpres des robes de cardinaux, des tissus déchirés, des chairs et âmes corrompus, du vin répandu. Avant d'être balayée par le temps et damnée par l'histoire pour avoir été femme, et femme de pouvoir.

    Nous restons interdits devant ces mystères du vatican, sous les fresques et boiseries d'un de ces décors où aujourd'hui le pouvoir met en scène son apparat et police ses apparences....

    C'était Olimpia de Céline Minard, lu par Nathalie Richard, dans la salle du Conseil de Paris, dans le cadre de Paris en toutes lettres.

    Guy