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A propos d'Erika Zueneli

Noon, Day-Break ou In-Contro: les intitulés allusifs, nous emmènent loin par des chemins détournés. Vers là où le mouvement fait sens. Pour percevoir l'indécision d'un tableau d'Hooper, matérialisée. Ou un corps inventaire, qui se décline en images de ciné, drôle et léger. Ou deux femmes qui se font face, attablées. Ce qu'elles dansent alors, en tensions et arrières pensées, c'est le sensible dévoilé, l'invisible mis à portée. Je vois ces deux femmes face à face se jauger, s'aimer et s'affronter, l'une après l'autre gagner et perdre, articuler leur gestes avec âpreté, je vois cela, et j'ai soudain le sentiment de saisir vraiment ce qui entre deux êtres se joue et se tend. Voire, grâce à cette silencieuse métaphore, je crois mieux comprendre ce que me montre cette danse, mais partout et ailleurs, hors de la scène, dans la rue, dans la vie, dans ce café, là où deux êtres parmi d'autres, avec leurs pensées et leurs gestes, se retrouvent face à face attablés.

 

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Erika Zueneli remet la danse à sa place, au centre. Il n'y a peut-être que deux manières de danser. Soit à l'écoute d'un absolu qui surgirait de dedans, provenant de mystérieuses profondeurs. Soit en écho de notre rapport aux autres, de notre rapport au monde, ouvert à ce qui nous lie, ouvert sur le dehors. Cette seconde voie est périlleuse, tant elle peut mener au bavardage, aux évidences appuyées, au psychologisme, à la trivialité. Erika évite tous ces pièges, emprunte des sens interdits, des doubles sens, casse les évidences, met en œuvre sous la danse de redoutables énergies, de troublantes ironies. Sans toc ni pathos, ni aridité ni mièvrerie. Cet art sans révèle, comme rarement, sans qu'il soit jamais besoin d'expliquer.

Les deux femmes attablées se sont levées, le terrain s'élargit, d'autres êtres rentrent dans le jeu, dans de nouveaux conflits. J'attends Tournois, impatient.

Guy

Texte écrit à l'occasion de l'ouverture de saison du Théatre Paul Eluard de Bezon où sera créé Tournois (titre provisoire) en avril 2010

photo (In-Contro) de Vincent Jeannot-Photodanse avec l'aimable autorisation d'Erika Zueneli.

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