Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Goldoni: les vacances ne sont pas finies

A quelle époque sommes nous ici? Textuellement vers 1761 en compagnie du vénitien Goldoni, mais aussi quelque part au début du siècle dernier à se laisser guider par les manières et les costumes- charme discret de la nostalgie-, et tout autant ici et maintenant, dans cette salle du T.N.O. où plus qu'ailleurs se fait oublier la distance entre le public et la scène, lorsque les spectatrices d'un certain âge continuent à papoter alors que les acteurs en domestiques s'affairent comme si de rien n'était à la préparation des valises.

trilogie8.jpg

En vérité nous sommes ce soir à la veille des vacances de tous temps- celle des riches évidemment. Dehors, ou bientôt: la crise. Mais l'important c'est une fois encore de partir, de jouir du sursis de l'été. En attendant la faillite, tels des personnages de Scott Fitzgerald ou du Jean Renoir de La Règle du Jeu, on se grise à crédit de vins légers, d'apparences et de frivolités. Même, entre l'essayage des dernières robes à la mode, une tasse de chocolat relevée de quelques médisances et une partie de cartes, on croit s'aimer. Mais dans les amères limites des conventions et des intérêts bien compris.

trilogie6.jpg

Cela pourrait être déja vu et trop attendu, si ce n'était joué délicieusement léger, d'un élégant réalisme, toutes âmes vouées aux désillusions, les domestiques juste un peu plus lucides que les maîtres. La gravité et la noirceur se laissent juste deviner en filigrane. Epurée également de ce qui la déséquilibrerait trop ouvertement coté mélodrame ou bouffonnerie, l'œuvre en trois parties se savoure comme en creux. Ce théâtre est subtilement politique, l'air de ne pas y toucher, avec plus de portée que si avaient été employées des lourdeurs pasoliniennes. Parce qu'on se surprend à s'attacher à ces personnages pourtant dépeints sans concessions. Vrais à un point qu'ils nous inspirent indulgence et tendresse, nous rendent accros à ce sitcom avant la lettre, une comédie douce-amère comme les Woody Allen dernière manière. On ne supporterait pas de manquer un seul épisode de cette trilogie: plus qu'une consolation, pour une rentrée contrariée.

C'etait la Trilogie de la Villégiature, de Goldoni, traduite, adaptée, mise en scène par Carlotta Clerici (Théâtre Vivant), rediffusée en alternance au Théatre du Nord Ouest  jusqu'au 2 octobre.

Guy

lire aussi: Martine Silber

photos (Droits Réservés) vec l'aimable autorisation de Carlotta Clerici.

Les commentaires sont fermés.