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la mort et l'extase

La version de 50 minutes de La Mort et L'extase est crée ce soir et demain à Micadanses en cloture du festival Faits d'hiver. A cette occasion, voici la rediffusion du texte mis en ligne le 15/5 aprés la création de la première version.

L'obscurité règne d'abord dans cette salle enfouie profonde, entre attente et chaleur. Enfin émerge un être que l'on voit nu et que l'on ressent desespéré. Il évolue lentement à terre, accablé, suivi d'un autre, de cinq, de dix, bientôt multipliés à vingt, trente, quarante, aux formes d'hommes et de femmes qui s'insinuent par tous cotés, envahissent et saturent la scène en un tableau halluciné...

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L'audace, l'ampleur et la crudité de cette entrée en matière suffisent à élever la pièce à un rare, même périlleux, niveau d'intensité. Nous sommes entrainé à un voyage aux enfers, une errance spectaculaire d'âmes en peine, damnées, sans but ni espoir, aux trajectoires perdues et circulaires. Les références à l'art pictural moyenâgeux apparaissent évidentes, d'ailleurs annoncées. On oublie Cranach pour penser à Jérome Bosch. Puis notre regard prend un point de vue plus contemporain, percevant la scène selon notre appréhension des rapports entre religion et culpabilité, entre mort et érotisme, alors qu'une dizaine de parmi les interprêtes se redressent peu à peu pour jouer les figures de la souffrance et de l'extase. Danseurs et danseuses se montrent traversés de décharges de plaisir et de douleur, leurs émotions manifestées par grimaces et torsions, travaillés par des entêtements ostensibles de peines et de jouissances, se flagellent et s'abandonnent contre les murs en poses offertes, tableaux que les miroirs découverts au fond de la scène tentent de prolonger à l'infini. La ronde des âmes nues, têtes baissées, continue ininterrompue, les danseurs prisonniers de leurs cycles, condamnés à répéter les mêmes séquences terribles à l'inifini. Au dessus de ces enfers s'éleve la musique de Vivaldi, magnifique, interprétée d'une voix de castrat issue d'un corps inerte porté par des corps nus. 

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Avant que la voix ne se taise: la pièce ne dure que 25 minutes. Il faut ici exprimer un regret: le temps est compté. Au milieu de cette masse de corps circulants, on peine vite à organiser son regard et à suivre le propos des solistes. Le dispositif, si formidable au départ, gêne ensuite la perception de la progression de la pièce. On reste avec le sentiment que le sujet si riche est survolé, sans le temps de la dépasser...sans doute inévitablement, s'agissant d'une courte proposition et de la part d'une toute jeune chorégraphe. On souhaite que cette pièce, déja si furieuse et audacieuse, mais à l'étroit dans ce format, trouve bien des développements ultérieurs.

C'était La Mort et l'Extase de Tatania Julien, présenté à Micadanses dans le cadre de la Soirée CNSMDP.

Guy 

Photo de Laurent Pailler avec l'aimable autorisation de Tatiana Julien, d'autres photos ici.

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