Ils reviennent parmi nous, Médée et Jason, leur vie sous de bas horizons, pensées embuées de mots automatiques, regards fixés sur les mirages d’un bonheur normalisé. Sur fond de carton-pâte, leurs yeux s’ouvrent sur des sourires figés, mais ils ne se regardent pas l’un autre. Où sont les enfants? Disparus dans le centre commercial, tout comme la carte bleue, et autres accessoires obligés. Les nouveaux Dieux qui se jouent de Médée sont consuméristes, post-psychanalytiques, sa rébellion trop sourde, noyée, elle erre. L’écriture de Catherine Rihoit, profuse et concise comme celle de Copi ou de Pinter, se saisit de la normalité pour en mettre à vif toute la folie glacée, l’horreur, l’absurdité. Donc on rit. Comme souvent, ce rire intelligent grince. Emporté par le jeu en crescendo de ces beaux actrices et acteurs, drôles et désespérés, par la noire mise en scène, assumée.
Médée fait ses courses écrit parCatherine Rihoit , et mis en scène par Laetitia Leterrier à la Comédie Nation
Guy
Photo d'Emmanuel Guillon avec l'aimable autorisation de la compagnie