Le théâtre est le lieu obligé pour représenter les invisibles, dans les univers fermés, pour ainsi réparer. Je me souviens de quelques heures en maison d’arrêt, de ces sensations. Ces femmes ci, autant de ne plus voir au-delà des murs meurent de plus être vues du dehors, ni aimées. Le spectacle est forcément impudique. Par une mise en abime les détenues préparent un spectacle entre quatre vrais murs. Dès les premières scènes se joue la confusion entre les espaces, les différentes proximités: corps s’offrant à être aperçus, crus, par la fenêtre de la cellule, derrière les rideaux de la douche, évolutions en chorégraphie en mezzanine, et incursions de plein pied avec nous, à nous entrainer. Pour quoi nous dire? Je ne prends pas tout dans ce texte, dans ce qu’il me semble s’autoriser d’infidélité dans le langage aux personnages. Je ne veux pas croire que la violence soit l’excès de l’amour. Je laisse de côté les thèses, la Passion, et le 11 septembre, mais reste la représentation si forte de cette violence omniprésente, la musique de Monk lancinante entre révolte et oppression, surtout je crois à ces 6 actrices superbes et généreuses, ces corps si fort, leurs soli si poignants pour exprimer la douleur d’être ici ou ailleurs, sans sensiblerie ni bons sentiments.
Misterioso-119 , texte de Koffi Kwahulé et mise en scène de Laurence Renn Penel, Vu au théâtre de la Tempête le 14 mai. jusqu'au 8 juin.
Guy