C’est un lendemain d’élections, sans appétits, le monde sans dessus dessous, en panne de valeurs et de convictions. On peut au moins s’accrocher à un petit rien, à voir ce personnage incongru et burlesque, qui s’obstine à exister contre vents et marées depuis déjà des années. Sombre sautillante, personne ne l’attend, elle trotte où on ne l’attend pas, et surtout à côté. Sans fonction évidente, mode d’emploi égaré. Voire, ce soir elle descend les marches, sous les flashs tout sourire et tapis rouge. Le personnage s’est proclamé star, il suffisait d’y penser, il suffisait d’abord qu’elle y croie. Et nous aussi. Dès lors elle le vaut bien. Elle nous invite par gestes émerveillés à la rétrospective de ses œuvres, pour la voir à l’écran traverser des lieux sans les habiter. Reine du dérisoire et du dévalué, femme providentielle et dérisoire, son inutilité devient précieuse, on touche au vrai du vrai. Cette valeur n’a pas de prix, quand aujourd’hui le travail intellectuel-et pire artistique- se négocie au forfait, et que l’investissement dans sa réputation est un actif immatériel hors de portée. Elle vaut des tonnes d’humanité, digne comme ce baron, personnage récurrent des romans de Romain Gary. Il reste de petites raisons d’espérer.
La Star, rétrospective des ses œuvres en sa présence, d'Isabelle Esposito à Micadances, le 26 mai.
Guy
photo avec l'aimable autorisation de la compagnie.