Elle est là, sans vouloir, sans pouvoir y être. Ce soir le personnage féminin, de retour dans une maison de son passé, est en fuite, dissocié, lesté par des secrets douloureux qui ne seront pas révélés. Ses lèvres semblent suivre une voix off, comme pour se faire l'écho d'une intériorité à vif qui ne peut s'incarner ici ni communiquer avec les autres. Avec rigueur et cohérence, la mise en scène est sans pitié, le jeu engagé, le texte tranchant et blême. Les décors de banlieue grise me piègent dans une impression de réalité poisseuse, images d'une vie triste figée dans un passé à l'arrêt. Tempête, accident, rupture. Le récit bascule. Nous nous échappons avec elle vers vers la possibilité d'un ailleurs, une remise à zéro, une autre réalité. Dans un no man's land nocturne, la sensation fugace de la présence de l'océan, de la liberté. La pièce reste douloureuse et ouverte, sans résolution quant à la réconciliation entre l'esprit et le corps blessés, à nu.
Anticorps, adapté et mise en scène par Maxime Contrepois, d'après Dina de Magali Mougel, vu au Colombier le 25 janvier.
jusqu'au 29 janvier.
Guy
Photo de Nocolas Joubert avec l'aimable autorisation de la compagnie
lire aussi Edwin Motor, Devotion