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stéphane auvray nauroy

  • L'enfer, c'est Feydeau

    Confusion: le sol de la scéne est jonché de livres. On craindrait se retrouver à nouveau plongé dans le cauchemar éveillé de Das Chrom + & Du. On est soulagé: c'est bien du Feydeau (1862-1921). Mais dans la mise en scène de ce soir, d'un bout à l'autre, tout est délicieusement terrifiant. Il ne s'agit plus d'un attentat vaudevillesque contre l'ordre bourgeois: on est pas loin du théâtre de l'absurde. Pour exposer toute l'horreur de la vulgarité, qui n'est pas tant le fait d'aborder des sujets on n arrete pas le théatre.jpgintestinaux, mais de dénier, avec brutalité, tout signification au langage, tout ordre au monde, le réduire à la seule corporalité.

    Quand Mme Follavoine hausse la voix, pour rendre impossible tout consensus avec son mari sur le sens des mots, on reste pétrifié dans son siège. Monsieur Follavoine est une victime erberluée, dont les rêves se brisent aussi cruellement que ses pots de chambre pourtant incassables. Voit son espace physique et mental envahi par les eaux sales de madame, alors qu'il tente de créer un ailleurs en imaginant les îles "zébrides". Dans le désordre de ses livres épars, y réussirait il d'ailleurs même sans cette opposition quasi démoniaque? Pas moyen de réconcilier corps et mots. Toto, l'enfant-roi, dépasse les parents d'une bonne tête, et hurle à les faire trembler. La bonne est ailleurs, hallucinée, perdue dans les chansons. Monsieur Choilloux est maladif et hystérique, et -pire- n'affiche pas d'hostilité ouverte en reaction aux agressions dont il est victime. Donc est d'une angoissante imprévisibilité, à l'inverse mesure des grandes attentes de Follavoine. Madame Choilloux et son amant viennent porter le coup de grâce avec les manifestations agressives d'une sexualité débordante, au bord de violer mari, femme, bonne et enfant. Madame Follavoine anéantit toutes les constructions sociales précaires d'un seul "Cocu" vulgaire et retentissant. On est bouche bée, le jeu est porté au delà des limites raisonnables de l'exagération: c'est hilarant, subtil pourtant, et dévastateur tout autant.

    C'était On Purge Bébé, de Georges Feydeau, m.e.s. par Stéphane Auvray-Nauvroy , avec Aurélia Arto, Selim Clayssen, Johanna Cohen, Dianko Diaoune, Michèle Harfaut, Julien Kosellek, Eram Sobhani, au Théâtre de l'Etoile du Nord, avec On arrête Pas le Théâtre.

    Jusqu'à dimanche, et aprés c'est fini.

    Guy 

     

  • Des courts encore en forme

    Prévenu depuis il y a deux ans déja, on est plus pris de court par ces formes courtes, qui se bousculent, audacieuses et abruptes. Avec des résultats contrastés- c'est forcé- mais sans jamais qu'on leur en veuille d'avoir tout essayé.

    L'exagération, pour commencer, avec la Sinistre Répétion. Pas si sinistre que celà: ça gueule trés fort maquillé blanc, dans une coméda dell arte d'un mauvais goût assumé. Le principe s'affirme ici d'étriller les codes de représentation. De l'acteur en cadavre las de rester allongé, aux lamentations de la veuve de théatre au delà du suraiguë, jusqu'au faux metteur en scène qui intervient à tout bout de champs. C'est une entreprise risquée, le rythme en est cassé. Mais à force d'excès et d'énergie, de grimaces, de boyaux brassés à pleines mains, on sourit, au moins.

    Pour continuer avec les codes à vue, il y a au début de Phèdre une accumulation telle que rarement osée de signes superposés sur les épaules d'un seul acteur: le récitatif, le travestissement en femme, le masque de clown, la gestuelle dansée, le tout sur une musique d'opéra...et c'est étonnant que le tout paraisse joliment cohérent! Quoiqu'à ce stade on ne fasse que sourire-encore!-, avant d'en revenir à une variation sur un spectacle en train de se faire. Ce qui laisse craindre un temps qu'on en revienne à une sinistre répétition de l'exercice précédent. Mais Eram Sobhani reste en juste équilibre, pince sans rire. Surtout Stéphane Auvray-Nauroy est tout Phèdre- généralisé en archétype de la passion amoureuse- digne et étonnant. Et finit par porter bien haut de beaux morceaux de texte, pour réhabiliter le sentimentalisme.

    C'était La Sinistre Répétition de la Dernière Scène de Florent Dorin, et Phedre, Pauvre Folle de Syvie Reteuna et Stéphane Auvray-Nauroy sur des textes de Racine et d'Eugène Durif, à L'Etoile du Nord.

    Deux des cinq propositions de cette semaine, dans le cadre d'A Court de Forme

    Guy