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  • Pendant ce temps, à Paris...un communiqué du Théatre du Nord Ouest

    Labiche sauvera-t-il le Nord-Ouest de la faillite?

     

    Madame, Monsieur,

     

    Cette gazette est d’un ton inhabituel car les dernières semaines ont été mouvementées.

    Nous avons été fiers de notre intégrale Strindberg et de la saison Des Prisons et des Hommes qui s’est achevée le 20 juin. Mais les recettes ont été modestes. La petite subvention du Ministère de la Culture a encore diminué. Le loyer a encore augmenté du fait du jeu des indices. Bref, notre théâtre a failli mourir lors d’une audience le mois dernier au Tribunal de Commerce au cours de laquelle l’Urssaf a demandé la liquidation de la Compagnie de l’Elan et la fermeture du Nord-Ouest. Grâce à l'énergie d'un avocat merveilleux et de son équipe, le Tribunal de Commerce a accepté de ne pas nous « liquider », mais d’ouvrir une procédure de redressement judiciaire. Le Nord-Ouest est donc depuis le 1er juin sous la tutelle d'un administrateur judiciaire. Il fera un rapport au Tribunal cet automne ; au vu des recettes des prochains mois, il conseillera, nous l’espérons, la poursuite de notre activité. La bonne nouvelle a été la réaction de tous : metteurs en scène, comédiens et surtout de vous, fidèles spectateurs. Notre intégrale Labiche vient juste de démarrer et, preuve de votre soutien, vous êtes déjà nombreux à avoir acquis un passeport Labiche. Eugène Labiche n'est sans doute pas Auguste Strindberg, pourtant il faut aussi prendre ses pièces avec sérieux. Labiche s'amusait de ses contemporains ; il les peignait dans leur vérité. Il avait compris que les hommes n'écoutent qu'eux-mêmes. C'est le théâtre de l'égocentrisme. Il suffit d'accentuer un ou deux traits pour déchaîner les rires. Chacun est enfermé dans sa folie et elle est contagieuse. Et c'est cette folie qui nous fait tant rire ! 166 pièces ! Plus d'une soixantaine seront mises en scène ; les autres seront présentées en lecture. Pendant 9 mois, pas moins de 400 comédiens de 40 compagnies théâtrales vous feront partager ce rire. Espérons que cette nouvelle folie sauvera notre cher théâtre.

     Vous trouverez notre programmation détaillée sur la page Programmes de notre site : www.theatredunordouest.com

    – La Compagnie de l’Élan

  • Transparence

    Le rideau devant la scène est sans relache tiré, ouvert, fermé, mais, translucide, laisse presque tout deviner, autant que le déshabillé de Mme Ventroux. Qui elle ne se soucie pas de cacher quoi que se soit, surtout en cet été de canicule, toute en naturel et transparences alors que le député Ventroux s'attache maladivement aux bienséances, aux apparences. Lui plus soucieux d'escamoter toute suggestion de nudité que de dissimuler aux yeux du monde d'autres turpitudes, petits arrangements et trafic d'influences, enveloppes de billets glissées par son visiteur, l'infâme maire Hochepaix. Un leure? A notre place de spectateur est censée oppérer non pas le regard de l'opinion publique (déja désabusée), mais l'oeil acéré du redoutable Clemenceau, debout au balcon opposé. Quand enfin le journaliste du Figaro viendra enqueter, il n'aura d'yeux que pour madame et son fessier. Rappelons que nous sommes en 1911, evidemment, aucune actualité.

    Feydeau revient en ce mois de juillet 2010 plus féroce que jamais, mais sa pièce toute retournée, telle une longue scène de ménage qui échapperait aux protagonistes. En cent ans, on se lasserait de voir Mme Ventroux toujours déshabillée dans le même sens. Elle apparaît aujourd'hui plus logique qu'ecervelé dans son parti pris d'honneteté vestimentaire, d'une réthorique implacable et d'une présence débordante. Et le député Ventroux, éffrayé par la vie, pantin névrosé, agité comme un personnage de BD, dans ce combat vaincu d'avance. La victoire de madame est amère. Son mari ne la voit plus, qui se soucie seulement du regard des autres sur sa chair. Est ce pour celà qu'elle vient en avant-scène, en beauté dans la lumière, nous déclamer un pot pourri de chansons retros aux effets mélancoliques? Vue, entendue, émouvante. La mécanique de Feydeau s'enclenche implacablement, le temps se dilate dans l'absurdité logique des enchaînements, avec un parti pris ici moins comique que vertigineux, cruel et désabusé. La drôlerie est alors le dernier effet de l'effroi et de l'incontrolé. Au final, tous voiles tombés, la sereine nudité de Mme Ventroux (l'injonction-titre du député plus que jamais impuissante en matière de théatre contemporain), est moins violente que la folie indifférente du député.

    C'était Mais n'te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau, mis en scène par Sandrine Lanno, avec Melanie MenuLoïc-Emmanuel Deneuvy, Joël Koné, Miglen Mirtchev, Sergueï Ryschenkow, lumières de Xavier Hollebecq.

    Au théatre de L'étoile du nord, jusqu'au 25 juillet.

    Guy

    lire aussi:  Cannibalisme tenace de Sandrine Lanno avec Mélanie Menu

  • Vu avant Avignon:Gertrude crie toujours deux fois

    mis en ligne le 20 juillet 2009

    S'il s'agissait d'un combat, ce serait celui de David contre Goliath: cette troupe venue d'Auvergne n'a sûrement pas disposé ne serait ce que du dixième des moyens dont avait bénéficié Giorgi Barberio Corsetti pour monter Gertrude (Le Cri), à l'Odéon.

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     photos par Dominique Jouvet avec l'aimable autorisation du Théatre du Corbeau Blanc

    Et pour nous c'est tant mieux: à voir cette mise en scène plutôt bas budget (qui d'ailleurs fût la toute première à être créé), on se dit rétrospectivement que la version parisienne s'égarait par trop de digressions, décors coulissants, déboités, renversés, effets et fumée... Ici nécéssité fait vertu, tous à vue et cadre unique, des tables, des verres et de la lumière, priorité aux corps et aux textes à cru, l'énergie bien focalisée. La pièce y retrouve une certaine clarté- même toute relative s'agissant d'Howard Barker, les dernières scènes posant toujours problême. Les personnages bien dessinés, impliqués, assumés: la vieille plus vieille, Cascan plus didactique et détaché-presque un choeur antique, Hamlet plus veule, Claudius plus accro à Gertrude, et Gertrude encore plus impudique, voire plus tragique... Bel équilibre: complexité et ambiguités du texte ne sont pas pour autant sacrifiés à ces caractérisations. Avec le teléscopage des niveaux de langage émergent de nouvelles significations, des oppositions plus marquées entre idéalisme et matérialisme, et ainsi dans le prolongement des entreprises d'Hamlet les périls d'une dictature misogyne et puritaine...

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    Ces beaux acteurs prennent tout les risques... le plus flagrant est de choquer, le plus essentiel est de jouer l'émotion et l'incarnation dans le cadre d'un théatre contemporain. Le personnage de Ragusa, par exemple, y gagne d'exister. Sous le trash et le rock 'n roll est posé un certain classicisme, de ces déclinaisons c'est avant tout Howard Barker qui ressort vainqueur.

    C'était Gertrude (Le cri), par le théatre du corbeau blanc: texte d'Howard Barker, mise en scène de Günther Leschnik, traduction de Jean-Michel Déprats et Elisabeth Angel-Perez, avec Sophie Millon en Gertrude (déja vue dans M.A.M.A.E.),Sébastien Saint-Martin, Denis Mathieu, Guillaume Caubel, Marie-Pascale Grenier, Véronika Faure, Thomas Roche.

    Dans le cadre du Festival "Nous n'irons pas à Avignon", à Gare au Théatre.

    Guy

    Lire Gertrude, version Odéon

    Le Théâtre: Entrepôt - Compagnie Mises en Scène

    1 ter Bd. Champfleury - derrière la Gare

    dates: du 9 au 18 Juillet 2010 à 17h30

    Spectacle de 2 heure - Réservation: 06 27 11 48 84

     

  • Vu avant avignon: Charmatz et Balibar, la danse en rémission

    publié le 16/11/2008

    D'abord il leur faut arracher la peau qui colle sur le sol, à défaut de celle qui recouvre muscles et os. 

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    Il leur faut gratter cette glue, ce placenta, avec les doigts, découvrir ce qui est caché dessous, le mettre à jour, ce qui est dedans aussi. C'est Boris Charmatz qui est à l'intérieur du camion, enfermé dans la boite, caché et montré à la fois, en tous cas déséquilibré, en danger, secoué en tous sens à faire sortir de lui tous les mots vrais. Ces minutes exacerbées, à elles seules valent tout. Le camion est conduit par Jeanne Balibar, ce camion est massif et sourd. A l'arrêt pesant à pousser comme les souvenirs oubliés. Une fois emballé, comme un taureau mécanique, aux phares aveugles, hors de contrôle à effrayer le premier rang, à dessiner des cercles vains et une chorégraphie lourde. Au volant Balibar dit les textes d'Hijikata, des textes qui creusent les origines, celles de l'existence autant que de la danse. Des textes durs, concrets, couverts de boue. Qui évoquent des corps souffrants, des corps boiteux, mous, arqués, crottés, malades, douloureux, pas glorieux. Les corps de Charmatz et Balibar sont blanchis et un peu nus, seule concession visuelle au buto, s'affalent l'un sur l'autre. Bien vulnérables et chétifs, s'offrent à la massivité du camion. "Les gestes morts qui sont dans mon corps je veux les faire mourir encore": ces mots et certains des gestes, encore en gestation, Charmatz les chantait déjà il y a quelques semaines . Il s'agit toujours et encore ici de mémoire, de refus des formes trop usées- abolies en une introduction "Boris brûle-t-il"-, et de recréation du spectaculaire. Ce soir en hommage aux mots d'un danseur, un hommage humble peut-être. Le résultat peut ne ressembler à rien, ou sembler déséquilibré, ou par certains aspects insatisfaisant, c'est qu'il est, toujours et encore, inédit et urticant.

    C'était La Danseuse Malade, chorégraphie de Boris Charmatz, avec Jeanne Balibar et Boris Charmatz, sur des textes de Tatsumi Hijikata, au théatre de la ville, avec le festival d'automne à Paris. C'était fini samedi.

    Guy

    A lire: bien culturel, et un témoignage décontenancé, Et (enfin!): Le Tadorne et Images de danse.

    photo par Fred Khim, avec l'aimable autorisation du festival d'automne à Paris.

  • Si j'étais en Avignon...

    ...j'irais, surement, revoir Jesus Sevari.

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    Jesus Sevari / Absolutamente
    chorégraphie-interprétation: Jesus Sevari
    Scénographie-lumières: Yann Le Bras

    Un an avec Berlioz. 45' de danse.
    CREATION 2010 Du 8 au 14 juillet à 10h
    FESTIVAL AVIGNON OFF - Théâtre de la Condition des Soies
    13, rue de la Croix  - Avignon - 04 32 74 16 49

    CHILDE
    essai chorégraphique sur une symphonie de Berlioz

    Jesus Sevari cherche une porte pour entrer en communication avec des temps anciens, à la racine de nos identités. Archéologue du sensible elle fouille avec ses os, ses muscles, sa posture au fil de la symphonie Harold en Italie: cette musique qui a « quelque chose de primitif sinon d'antédiluvien » selon Heine, porte ici dans sa quête initiatique un corps en constante métamorphose qui déforme l'espace autour de lui comme une matière élastique. Pour la composer, Berlioz s'est inspiré des pérégrinations du héros romantique Childe Harold de Lord Byron. « Childe », c'est-à- dire « destiné à être chevalier ».

    "Une féminité solide et chaleureuse qui séduit, parfois dérange. Terrienne et sereine"
    Guy Degeorges, Un Soir ou Un Autre